Après un parcours industrie, Massy Bouhadoun a finalement fait le choix de l'officine. Après une première expérience dans une pharmacie de la place de Clichy, à Paris, il rejoint, en qualité de pharmacien adjoint, une officine du 10e arrondissement de la capitale. « Au cours de ces derniers mois, je me suis rendu compte de l'ampleur du problème lié aux fausses ordonnances. Depuis que je suis à temps plein, je repère une fausse ordonnance tous les deux jours en moyenne », explique Massy Bouhadoun.
En plus de ce premier constat, le pharmacien parisien se rend compte que ses confrères et consœurs n'ont pas les armes pour lutter contre ce problème. « Aujourd'hui, si l'on a un doute sur une ordonnance, on appelle le médecin mais il ne répond qu'une fois sur dix… Une autre solution méconnue existe, c'est le service ASAFO de l'assurance-maladie (disponible uniquement en Île-de-France). Toutes les fausses ordonnances signalées sont répertoriées et mises à disposition des pharmaciens sur ce site mais il faut y aller et ouvrir chaque pièce jointe une à une. C'est donc beaucoup trop long », observe-t-il. Des pharmaciens démunis tentent parfois de trouver de l'aide sur les réseaux sociaux. « Ils partagent sur Facebook des ordonnances présumées frauduleuses pour demander conseil à leurs confrères, sauf que n'est pas un moyen sécurisé. Les autorités semblent attendre le déploiement de la e-prescription mais en attendant le problème explose, rien ne se passe et ce sont les assurés et les pharmaciens qui en paient le prix », dénonce Massy Bouhadoun.
Détecter et signaler les fausses ordonnances
L'adjoint se lance alors dans un projet ambitieux : créer une application susceptible de détecter les fausses ordonnances et de les transmettre rapidement à la CNAM. Une idée qui répond donc à un double objectif : permettre aux officinaux de débusquer les fraudes et leur faire gagner du temps. Il s'associe avec Rémi Deronzier, un ingénieur en informatique, et amorce le développement de l'application Ordosafe « Le fonctionnement est simple, on prend l'ordonnance en photo et si elle a déjà été signalée par un autre pharmacien, l'utilisateur en est informé. L'algorithme de l'application permet en effet de vérifier l'authenticité de l'ordonnance, de vérifier si le numéro RPPS est le bon, si le numéro FINESS est valide… L'application aide le pharmacien à repérer rapidement des anomalies alors qu'aujourd'hui on ne peut rien faire d'autre qu'appeler le médecin », souligne Massy Bouhadoun. Enfin, si l'ordonnance se révèle être fausse, la déclaration à l'assurance-maladie peut ensuite s'effectuer en quelques secondes.
L'application, chiffrée, passe par un hébergeur de données certifié. Ordosafe est entièrement gratuit et a vocation à le rester selon son concepteur. Elle est aujourd'hui utilisée par une trentaine de pharmaciens en Île-de-France. Massy Bouhadoun tente aujourd'hui de convaincre l'Ordre des pharmaciens, les syndicats ou encore les présidents de groupements de l'intérêt de son service. Il cherche aussi des financeurs pour accélérer le développement du projet.
Rappel de lot
Sérum physiologique Santecare : un lot à renvoyer ou à détruire
Toxicovigilance
Une hausse inquiétante des intoxications aux champignons
Prévention de la bronchiolite du nourrisson
Top départ pour la vaccination par Abrysvo à l’officine
Accès aux soins
Démographie médicale : une légère hausse qui ne suffira pas