Le Quotidien du pharmacien.- Comment s’est déroulée la mise en place de la prescription électronique en Belgique ?
Koen Straetmans.- La mise en place a été très progressive. De 2017 à 2020, la première phase a consisté à installer la prescription numérique dans les habitudes des professionnels de santé tout en conservant le support papier. Le code-barres inscrit sur l’ordonnance remise au patient était la clé pour accéder à la version numérique de la prescription déposée par le prescripteur dans un serveur protégé. Durant cette première étape, nous avons pu identifier les faiblesses de ce système pour l’améliorer, mais également constater ses points forts. Une seconde phase a démarré en 2021 pour passer au tout numérique et s’affranchir du papier, sauf si le patient demande à son médecin une version imprimée de l’ordonnance. Toutes les prescriptions d’un patient sont attachées à son numéro NISS (numéro d’identification à la Sécurité sociale), équivalent à l’INS en France (identité nationale de santé). Le pharmacien peut y accéder en lisant la carte eID du patient. Le patient peut lui aussi consulter ses prescriptions en se connectant sur le site masanté.be, ou via des applications comme « mes médicaments » créée par l’INAMI (l’institut national d’assurance maladie-invalidité).
Comment les pharmaciens et les prescripteurs ont accueilli la prescription électronique ?
Il y a eu des tensions et des doutes à chaque étape de développement, en particulier quand le système tombait en panne. Une modification des habitudes de travail crée souvent une anxiété. Mais le fait d’avancer progressivement, pas à pas, a permis aux pharmaciens et aux médecins de s’imprégner de cette nouvelle démarche de prescription et de dispensation. En 2024, plus de quatre ordonnances sur cinq sont établies au format numérique. La prescription numérique est bien entrée dans les mœurs et la plupart des professionnels de santé sont très contents de cette évolution parce qu’elle répond à divers enjeux, dont celui de lutte contre les fausses ordonnances. Bien entendu, des bugs persistent. Pour les corriger, un accompagnement continu des professionnels de santé et des éditeurs de logiciels a été mis en place.
Y aura-t-il une troisième phase ?
Ce qui est certain, c’est que la prescription électronique offre des opportunités que nous commençons tout juste à explorer. Par exemple avec l’application « mes médicaments », le patient peut transmettre sa prescription à la pharmacie de son choix et venir chercher son traitement à un horaire défini. Le pharmacien prépare l’ordonnance en amont, ce qui lui permet d’anticiper ses conseils et de valoriser son intervention. On se rend compte également que la façon de prescrire a changé : la prescription d’un médicament par ordonnance est devenue la règle, contre 2,7 médicaments en moyenne par ordonnance auparavant. Enfin, la prescription numérique permet de renforcer le partage des données de santé pour un meilleur suivi du patient. Le médecin peut voir si l’ordonnance a été délivrée ou non. Il peut également consulter les prescriptions établies par d’autres prescripteurs.
Interview de Koen Straetmans– La Belgique montre la voie
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Publié le 09/01/2025
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En Belgique, l’ordonnance numérique est une réalité depuis 7 ans. Pour Koen Straetmans, président de l’Association des pharmaciens belges (APB), les problèmes et freins techniques ont été peu à peu éclipsés par les atouts et les perspectives futures qu’apporte cette évolution.

Crédit photo : Th.Strickaert
Propos recueillis par D. P.
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Source : Le Quotidien du Pharmacien
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