Obligation vaccinale élargie

Émotion et polémiques à l'Assemblée nationale

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Publié le 02/11/2017
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Alors que le texte doit maintenant passer entre les fourches caudines des sénateurs, les députés en ont terminé avec l'examen en première lecture de tous les articles du projet de loi de finances de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2018. L'obligation vaccinale pédiatrique à 11 valences a été adoptée à une large majorité après un débat tendu.
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Crédit photo : S. TOUBON

Mesure emblématique de prévention de la santé publique, la vaccination pédiatrique obligatoire à 11 valences* a été adoptée par les députés à 63 pour, 3 contre et 9 abstentions. Les débats sont restés vifs, à l'image de ceux qui avaient déjà eu lieu en commission des affaires sociales, obligeant la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, à réaliser des rappels d'importance auprès des députés. Ainsi a-t-elle insisté sur le fait que la vaccination est « le médicament qui a sauvé le plus de vies au monde » et qu'aujourd'hui des maladies ressurgissent, comme la rougeole qui a entraîné « une dizaine de morts ces quatre dernières années ». Il n'est donc plus question d'attendre après la concertation qui a eu lieu en 2016, « il est temps d'agir ».

La députée LREM Michelle Peyon a suscité de vives émotions en soutenant la ministre de la Santé par son expérience personnelle : « Il y a trente ans, j'ai voulu attendre, moi aussi, et j'ai perdu un enfant » non vacciné. Agnès Buzyn a demandé une suspension de séance de quelques minutes à la suite de son intervention. La ministre de la Santé a aussi balayé les craintes concernant les adjuvants, dont le rôle est d'accroître l'efficacité des vaccins et qui « ne présentent aucun danger », pas même l'aluminium. Elle reproche à « ceux qui prônent la liberté vaccinale » de profiter de la vaccination des autres, tout en fustigeant les anti-vaccins qui ont multiplié les pétitions et assailli les boîtes mails des députés. La mesure a finalement été adoptée avec 63 votes favorables, 3 contre (dont deux LREM) et 9 abstentions.

Des attaques sans fondement

Blandine Brocart, députée LREM qui s'était déjà fait remarquer pour avoir demandé la suppression de cette mesure, a réitéré vainement cette requête pour obtenir un délai de quelques mois afin de « rétablir la confiance ». Un positionnement immédiatement critiqué par son président de groupe Richard Ferrand qui l'a qualifié de « personnel, politiquement marginal, défendu agressivement et sans fondement ». Enfin, Agnès Buzyn a répondu à l'interrogation de Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) de savoir si c'est « l'autorité publique qui gouverne ou les multinationales », évoquant une visite privée d'Édouard Philippe chez Sanofi. Une question qui lui a valu une mise en accusation de « flirter avec la diffamation », de « vouloir se refaire une santé sur le dos de nos enfants » et de vivre « à l'ère de la post-vérité ».

* Coqueluche, rougeole, oreillons, rubéole, hépatite B, Hæmophilus influenzae, pneumocoque, méningocoque, en plus de la diphtérie, du tétanos et de la poliomyélite.

M. M.

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3385