Suite à l’alerte lancée par plusieurs professionnels de santé concernant la surexposition des Français au cadmium, le gouvernement a décidé de réagir. Dès l’automne, des dépistages réalisés en médecine de ville seront pris en charge et viendront compléter ceux déjà proposés en milieu hospitalier.
Cancérogène avéré pour les voies respiratoires (cancer du poumon) depuis 1993, le cadmium est également suspecté d’augmenter le risque de cancer du pancréas, du sein, de l’endomètre ou de la prostate. Ce métal est également mutagène, toxique pour la reproduction et responsable d’atteintes rénales ainsi que de fragilité osseuse. « Chez les adultes français, l’imprégnation moyenne au cadmium a quasiment doublé entre 2006 et 2014. Elle est aujourd’hui trois fois supérieure à celle des adultes américains et plus de deux fois à celle des Italiens », alertait il y a quelques jours le Dr Pierre Souvet, cardiologue et président de l’Association santé environnement France (ASEF). Les Unions régionales des professionnels de santé-Médecins Libéraux (URPS) avaient également dénoncé « une explosion de la contamination des jeunes enfants » en France par ce métal toxique, « omniprésent dans notre environnement ».
Les alertes émises par ces professionnels ne sont pas restées sans effet. Interrogé sur ce sujet à l'Assemblée nationale, le ministre de la Santé, Yannick Neuder, a admis que ces mises en garde avaient « fait remonter l'intérêt d'un dépistage » de cette substance. « Ce dépistage est remboursé à l'hôpital et il le sera à l'automne en médecine de ville », a-t-il annoncé dans l’hémicycle. « Les travaux sur le remboursement des tests de dépistage du cadmium pour les personnes à risque, et le cadre de ce remboursement, sont en cours avec l'objectif d'avoir défini ce périmètre d'ici à la fin 2025 », a complété le ministère de la Santé. Aujourd’hui, à l’hôpital, le dépistage des surexpositions au cadmium se mesure par la concentration urinaire du cadmium, ajustée sur celle de la créatinine urinaire (en μg/g de créatinine).
Par ailleurs, alors que l'Agence nationale de sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement (ANSES) a recommandé en 2021 de ne pas dépasser les 20 mg de cadmium par kg d'engrais phosphatés, Yannick Neuder a promis de se montrer « particulièrement vigilant sur l'arrêté que doit prendre le ministère de l'Agriculture sur ce sujet ».
S’il est naturellement présent dans les sols, le cadmium voit sa concentration accentuée par certaines activités humaines, notamment agricoles et industrielles. On en retrouve ainsi dans différents types d’aliments : pains et produits de panification, pommes de terre, mollusques et crustacés, légumes à feuilles vertes (salades, choux, épinards), céréales (notamment le blé), riz… Les fumeurs y sont également exposés, car chaque cigarette contient environ 2 µg de cadmium. Les professionnels de santé s’inquiètent tout particulièrement de la forte exposition des enfants, grands consommateurs de céréales. Selon une étude sur l’alimentation des Français réalisée en 2011, 36 % des enfants de moins de 3 ans et 14 % des enfants de 3 à 17 ans dépassaient la valeur toxicologique de référence (VTR) fixée à 0,36 microgramme de cadmium par kilo de poids corporel et par jour.
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