Furieux contre le ministère de la Santé, qui entend baisser le plafond de remise sur les génériques à un taux compris entre 20 et 25 %, les syndicats de pharmaciens ont déjà acté une grève illimitée des gardes et participeront à une manifestation dans les rues de Paris le 1er juillet. Si leurs revendications ne sont pas entendues, d’autres actions, bien plus offensives et inédites pour la profession, sont envisagées.
Une grève illimitée des gardes, c’est la première action votée par la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) et l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) pour protester contre la baisse à venir du plafond de remise sur les génériques. Une mesure perçue par les représentants de la profession comme injuste et potentiellement destructrice pour le réseau. Seule, cette action ne suffira sans doute pas à convaincre le ministère de faire machine arrière.
À l’issue d’un conseil d’administration exceptionnel tenu le 25 juin, la FSPF a arrêté son plan de mobilisation contre le projet gouvernemental avec, au menu, des actions d’une tout autre ampleur. « À défaut de résolution rapide du différend avec le ministère de la Santé, la Fédération envisagera l’arrêt du tiers payant sur les dépenses pharmaceutiques », annonce en premier lieu le syndicat. Ce n’est pas tout. L’organisation présidée par Philippe Besset se dit prête à « demander aux pharmaciens leur démission collective des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) ». Troisième mesure coup de poing votée par la FSPF si le plafond décidé pour les remises génériques n’était pas assez incitatif : « Refuser la poursuite de la substitution des médicaments biosimilaires. » Pour la FSPF, il n’y a pas d’autre solution que le retrait pur et simple du projet. « Ces actions massives sont à la hauteur de la trahison du ministère de la Santé », résume le syndicat qui a créé un site Internet (www.mobilisationpharmaciens.com) pour permettre aux officinaux de suivre l’évolution de cette mobilisation ou d’avoir accès aux documents pour se déclarer en grève auprès des préfectures. « On ne s’interdit pas d’aller plus loin si cela est nécessaire, rien n’est exclu, prévient Philippe Besset. Dans un premier temps, il faut agir vite. Si l’on n’est pas entendu en juillet, il faudra poursuivre ce combat en septembre. D’ici là, j’espère que la situation va évoluer. » Selon les informations du président de la FSPF, le ministère devrait consentir à prolonger, mais seulement jusqu’au 1er août, l’arrêté du 14 mai fixant le taux du plafond de remise des génériques à 40 %. « On nous a dit qu’il serait prolongé de quelques semaines mais pas de quelques mois », explique-t-il.
Tout aussi remonté, l’USPO propose aux pharmaciens de télécharger des affiches pour interpeller les patients et les informer sur les conséquences que pourraient avoir les desseins du gouvernement. « L’État met en péril nos officines. Notre pharma est sous une pression économique et administrative de plus en plus forte. Pharmacies menacées, votre santé en danger ! », peut-on lire sur l’une d’entre elles. Pour participer à la grève illimitée des gardes, le syndicat met lui aussi à disposition des pharmaciens un modèle de déclaration de préavis de grève à transmettre aux agences régionales de santé (ARS). Du côté du syndicat présidé par Pierre-Olivier Variot, on est également prêt à passer à la vitesse supérieure si le ministère continue de négliger l’impact de ses mesures, qui pourraient conduire « à la fermeture de 8 000 pharmacies sur le territoire national et à la perte de 50 000 emplois dans le secteur ». Cyril Colombani, président du syndicat départemental de l’USPO dans les Alpes-Maritimes, a notamment sorti la sulfateuse dans une interview au média « Actu.fr ». « La grève des gardes a commencé, mais je peux vous le dire : il y aura une guérilla tout l’été, voire après », menace-t-il. Si elle n’obtient pas gain de cause, l'USPO pourrait envisager « des blocages dans les dépôts de médicaments », des opérations escargot ou encore des actions pendant le Tour de France. Dans nos colonnes, Pierre-Olivier Variot évoquait aussi l’idée de « ne plus recruter d’apprentis à la rentrée, d’emboliser la CPAM en facturant avec l’aide des médecins des ordonnances avec un NIR fictif, ou de ne plus dispenser de médicaments chers ».
Ces mesures particulièrement fortes peuvent-elles réellement être mises en place ? « Si le ministère décidait de baisser le plafond à 20 %, il y aurait une adhésion de la profession à ces actions de contestation », veut croire le président de la FSPF, Philippe Besset, même si le syndicat FO a par exemple appelé les salariés de l'officine à ne pas se rendre à la manifestation du 1er juillet.
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