Entre 2010 et 2015, les opérations du cancer du sein en ambulatoire sont passées de 5 % à 25 %, selon l'organisme Unicancer. Cette proportion est même de plus de 40 % quand elles sont pratiquées dans les centres de lutte contre le cancer (CLCC). Une bonne nouvelle pour les patientes, qui évitent les contraintes de l'hospitalisation, mais aussi pour le gouvernement, qui plébiscite le virage ambulatoire, synonyme d'économies. C'est d'ailleurs l'un des axes de la « stratégie nationale de santé » pour réduire le déficit de la Sécurité sociale. De même, le plan cancer 2014-2019 a notamment pour objectif d'atteindre 50 % de chirurgie ambulatoire dans le cancer du sein d'ici à 2024.
La chirurgie ambulatoire permet le retour à domicile du patient le jour même de son intervention : la durée d'hospitalisation ne dépasse pas 12 heures et il n’y a pas d'hébergement. Les spécialistes se montrent assez favorables au projet car l'opération du cancer du sein, lorsqu'elle est partielle et ne concerne donc que l'ablation de la tumeur et d'un ou plusieurs ganglions, s'y prête bien. Elle est rapide, à faible risque de complications sévères, peu douloureuse et peu invalidante.
Avec la généralisation du dépistage précoce, les chirurgies concernent le plus souvent des opérations partielles et permettent d'éviter l'ablation totale du sein ou l'extraction de tous les ganglions de l'aisselle. Les praticiens soulignent aussi que les opérations en ambulatoire entraînent moins de risques d'infections nosocomiales et de risques thromboemboliques, moins d'anxiété pour les patientes qui retrouvent rapidement le cadre rassurant de leur foyer, voient ainsi l'acte chirurgical dédramatisé et sont plus impliquées/mieux informées, devenant actrices de leur santé.
Sans compter que la chirurgie ambulatoire s'accompagne souvent d'une anesthésie plus légère et d'une prise en charge personnalisée, l'hôpital devant avoir la certitude que le patient est apte à rentrer chez lui après l'opération. Des avantages qui n'échappent pas aux patientes puisque différentes enquêtes montrent un niveau élevé de satisfaction.
La condition première pour que la chirurgie ambulatoire soit bien vécue est de s'assurer de l'accord de la patiente. Et, bien entendu, que tout le parcours de soins avant et après l'opération soit parfaitement balisé. Ce qui n'est pas évident car tous les hôpitaux ne sont pas équipés de la même façon et ne peuvent offrir toutes les prestations.
C'est pourquoi, selon le lieu de la prise en charge, la chirurgie ambulatoire ne peut être proposée parce que l'établissement n'a pas de service de radiologie ou de scintigraphie dans ses murs. Reste que tous les cancérologues n'y sont pas totalement favorables, se demandant si, pour le suivi postopératoire, il ne vaut pas mieux être hospitalisé 48 heures pour subir tous les examens plutôt que de faire plusieurs allers-retours.
Le « virage ambulatoire » prend néanmoins peu à peu ses marques en France, avec quelques années de retard par rapport aux pratiques américaines. Depuis l'an dernier, un changement de tarification rend la chirurgie ambulatoire financièrement plus attractive pour les hôpitaux. Même si les opérations lourdes ne peuvent pas, par définition, être réalisées en ambulatoire, et que tous les profils de patients ne sont pas éligibles à ce procédé, la France a encore de grandes marges de manœuvre pour augmenter ce type de prise en charge.
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