Rhume, toux, fatigue, maux de tête, douleurs, troubles du sommeil… 87 % des Français sont concernés par ces petits maux du quotidien, selon le Bulletin de santé des Français 2025, commandé par l’association NèreS, qui fédère les laboratoires pharmaceutiques fabriquant des produits de premiers recours. Face à ces symptômes, leurs premiers réflexes sont clairs : 57 % prennent un médicament en vente libre, 50 % demandent conseil à leur pharmacien. Viennent ensuite les médecines douces, et seulement en quatrième position, la consultation chez un médecin. Une preuve que le « réflexe pharmacien » s’est ancré dans les habitudes — et encore plus chez ceux qui, faute de médecins, ont dû renoncer à se soigner ou se sentent exclus du système de santé.
Près de 90 % des sondés disent faire confiance au pharmacien pour soulager leurs maux avec des produits sans ordonnance, pour faire de la prévention ou encore les orienter vers un autre professionnel de santé si nécessaire. « Des niveaux de confiance extrêmement élevés », souligne Jean-Daniel Lévy, directeur délégué de Toluna Harris Interactive, qui a mené l’enquête fin avril 2025*. « D’autant qu’ils s’ajoutent aux 93 % de sondés qui estiment la pharmacie facile d’accès. »
Des délais d’attente pour un rendez-vous excessifs
Ce sentiment d’accessibilité au personnel de santé qu’est le pharmacien contraste avec les difficultés d’accès au système de santé. Le fonctionnement de celui-ci, cité en exemple par le passé, est vu désormais négativement par la moitié des sondés. Les Français sont particulièrement attachés à l’accès pour tous et la couverture universelle, à la qualité des soins et la qualité des professionnels de santé. Mais ils pointent comme principale cause de dégradation du système la difficulté d’accès aux soins. 73 % des Français dénoncent un manque de professionnels, des délais trop longs, ou la difficulté à trouver un spécialiste.
Le principal point noir ? Les délais d’attente. 85 % jugent qu’ils sont excessifs. Dans les faits, 82 % doivent patienter de trois jours à un mois pour consulter un médecin. « Seuls 4 % y parviennent dans la journée », précise Jean-Daniel Lévy. Même pour des maux bénins, 62 % estiment difficile d’avoir un rendez-vous sous 24 heures. En revanche, 80 % disent qu’ils peuvent trouver une solution en pharmacie dans ce délai.
Résultat : les urgences sont de plus en plus sollicitées pour des cas qui ne relèvent pas de leur compétence. 26 % des personnes interrogées s’y sont rendues pour un simple mal du quotidien au cours des douze derniers mois, soit deux points de plus qu’en 2024. Les deux principaux obstacles invoqués : leur médecin n’était pas disponible (38 %) et ils avaient besoin qu’un professionnel les rassure sur le fait qu’il s’agit bien d’un problème bénin. À noter : pour 21 %, « les pharmacies étaient fermées ».
Une personne sur trois renonce à se soigner
Faute de trouver une prise en charge ou une bonne orientation, un Français sur trois a renoncé au moins une fois à se soigner au cours des douze derniers mois. Une personne sur six l’a fait à plusieurs reprises. Résultat : un sentiment d’exclusion qui touche près d’un sondé sur deux, et jusqu’à 60 % chez les jeunes et 53 % chez les malades chroniques.
Un constat jugé inadmissible par Émilie Pertuiset, vice-présidente de NèreS et directrice générale de Biocodex : « Dans un système solidaire où la santé est quasiment gratuite, c’est très problématique. D’autant plus que le pharmacien et le médecin sont perçus comme deux référents avec la même légitimité. On continue à aller voir le médecin pour les maux du quotidien, alors qu’il faudrait changer de réflexe : se tourner d’abord vers le pharmacien, accessible pour neuf Français sur dix. Il devrait être la porte d’entrée dans le système de santé. »
Les Français prêts à élargir les missions du pharmacien
Les Français semblent largement prêts à accompagner ce changement. « Ils soutiennent massivement les solutions qui existent déjà pour soulager le système de santé », affirme Vincent Guiraud-Chaumeil, président de NèreS.
D’après l’étude, 83 % des sondés estiment que le gouvernement devrait élargir les compétences des pharmaciens dans les zones sous-dotées afin qu’ils puissent mieux prendre en charge les petits maux du quotidien. Ils sont également 83 % à se dire favorables à de nouveaux délistages de médicaments — le cheval de bataille de NèreS. « Au moins, nous n’avons pas à convaincre les Français, conclut Vincent Guiraud-Chaumeil. Contrairement à d’autres acteurs de l’espace public. »
*Enquête menée sur un échantillon de 2027 personnes, représentatif des Français âgés de 18 ans et plus, et réalisée en ligne du 25 au 30 avril 2025.
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