Le LEEM (Les entreprises du médicament) a annoncé sa feuille de route pour remettre sur les rails la politique du médicament en France. Pour redorer l’image d’un secteur mis à mal par les pénuries de médicaments et auquel seulement 62 % des Français accordent leur confiance, les industriels doivent pouvoir compter sur les pouvoirs publics. Ce qui est loin d’être gagné, tant les chantiers entamés en 2023 sont aujourd’hui à l’arrêt.
Dévoilant ce matin sa nouvelle politique du médicament, le LEEM (Les entreprises du médicament) a annoncé – entre autres - sa volonté d’élargir le système d’information des stocks (TRACStocks), via le DP, aux officines. La même proposition a été faite aux grossistes-répartiteurs « afin de mieux situer les stocks géographiquement ». L’intention de fluidifier et de partager l’information est louable. Elle semble même avoir porté ses fruits dernièrement pour les approvisionnements d’amoxicilline. Cependant, a rappelé Thierry Hulot, président du LEEM, tous les acteurs doivent se réunir régulièrement afin d’assurer ce tracking au plus près. Un pilotage mensuel s’avère indispensable. Or ces initiatives ne relèvent pas des industriels mais bien d’une décision gouvernementale qui doit en fixer le cadre. « L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) pilote la crise quand elle sévit, mais ce qu’il faut également c’est pouvoir la prévenir », insiste-t-il. Dans le cadre de la charte signée fin novembre, des engagements ont été pris par l’ensemble des acteurs de la chaîne du médicament et chacun s’est décidé à prendre sa part de responsabilité en toute transparence. Pour autant, aucun suivi n’est assuré en raison de la vacuité du pouvoir depuis la démission d’Aurélien Rousseau, de son poste de ministre de la Santé. La même inertie frappe la liste de médicaments essentiels soumis aux risques de fragilisation de la chaîne de production émise en juin 2023 par les industries du médicament. De même, la mission Borne qui fixait huit axes de lutte contre les pénuries n’a toujours, à date anniversaire, rien produit. « Nous sommes dans l’attente des groupes de travail », remarque Thierry Hulot.
Le LEEM tient cependant à rester force de propositions et annonce la mise en œuvre d’un plan d’action sur le bon usage du médicament. 300 millions d’euros d’économie peuvent être ainsi dégagés, assure-t-il, en maîtrisant notamment la polymédication des personnes âgées par les logiciels d’aide à la prescription (LAP). Le LEEM est également prêt à lutter contre l’antibiorésistance et à investir dans des campagnes de prévention, y compris en faveur de la vaccination.
Rare décision concrète du gouvernement en matière de lutte contre les pénuries et l’antibiorésistance, la dispensation à l’unité (DAU) figurant à la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2024 est, en revanche, balayée d’un revers de main par les industries du médicament, qui la définissent comme « une fausse bonne idée ». Dénonçant des risques pour la santé publique et la traçabilité, Thierry Hulot est formel : « On ne va pas consommer moins de médicaments que ce qui est indispensable au traitement. Or en règle générale les boîtes contiennent la quantité nécessaire ». Tout juste, le président du LEEM concède qu’il est nécessaire d’harmoniser les conditionnements mensuels au niveau européen, certains fabricants se basant sur 30 jours, d’autres sur 31.
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