Le noyer (Juglans regia L. Juglandacées) est un grand arbre de 10 à 25 m de hauteur originaire du Proche-Orient. Il y a été largement cultivé et s'est répandu ensuite dans tout l'hémisphère nord. Il porte de grandes feuilles composées de sept à neuf folioles ovales, des fleurs mâles en forme de chatons pendants et des fleurs femelles groupées par deux ou trois à l’extrémité des tiges. Le fruit est une grosse drupe formée d’une enveloppe charnue verte, noircissant à maturité, qui abrite une noix dure et ligneuse contenant une graine comestible dont l’aspect extérieur rappelle les deux lobes du cerveau.
Le brou de noix, fabriqué à partir du péricarpe vert des fruits par polymérisation naturelle de la juglone, donne un colorant brun foncé utilisé pour teindre le bois, les tissus et les cuirs. En médecine grecque, Hippocrate recommande la noix pour éliminer les vers plats et Dioscorides pour expulser le ténia. Les médecins arabo-persans conseillent la macération de l'écorce de fruit en application locale contre les dartres et l'impétigo et la feuille en bain de bouche contre les aphtes. La médecine populaire lorraine traitait le saignement des gencives avec des bains de bouche de décoction de feuilles.
Les feuilles renferment des tanins éllagiques, des naphtoquinones comme la juglone présente principalement dans les jeunes feuilles et l'hydrojuglone, des flavonoïdes (quercétol, quercitroside, kaempférol), des acides phénols (acide caféique, salicylique, gallique), de l’acide ascorbique et des traces d’huile essentielle (germacrène D). Les feuilles seront récoltées au début de l'été.
La noix, comestible, contient 50 % d'huile riche en acide linoléique et a-linoléique.
La feuille est anti-inflammatoire : un extrait éthanolique s'oppose à l'apparition d'un œdème de la patte de rat après administration de carragénine. Cet effet est complété par une action antalgique. Un extrait méthanolique a montré une action anti-inflammatoire en inhibant les médiateurs de l'inflammation comme la lipoxygénase, le TNF a, les interleukines IL-1, 2 et 6. Des actions antioxydantes puissantes sont également mises en évidence.
Une action sur les glucides
La feuille est antidiarrhéique, comme démontré chez le rat prétraité avec de l'huile de ricin, mais elle ne s'oppose pas à la défécation et ne bloque pas le transit intestinal. Les tanins ont des propriétés astringentes qui expliquent son action antidiarrhéique et détersive dans les affections cutanées. La juglone est antibactérienne (vis-à-vis du staphylocoque doré et d'Escherichia coli) et antifongique (vis-à-vis de Candida albicans).
Les extraits aqueux et hydroalcooliques réduisent le taux de glucose chez des rats rendus diabétiques, de plus ils favorisent la régénération des ilots de Langerhans du pancréas et diminuent au niveau intestinal l'activité de l'a-amylase et l' a-glucosidase impliquées dans la digestion des glucides. Une étude clinique randomisée montre une diminution du taux de glycémie à jeun et de l'hémoglobine glyquée.
La juglone a montré une activité antitumorale sur plusieurs lignées cancéreuses.
En plus des indications officielles mentionnées ci-dessous, les travaux scientifiques montrent l'intérêt de la feuille dans les candidoses intestinale et buccale, dans le diabète de type 2 et dans les diarrhées inflammatoires chroniques de l'intestin. En gemmothérapie, le macérat glycériné de bourgeon restaure la flore intestinale dans les diarrhées liées aux traitements antibiotiques et renforce l'activité du pancréas.
Repères
La feuille est traditionnellement utilisée en application locale, dans les inflammations cutanées légères et contre la transpiration des pieds et des mains (EMA). Elle est aussi traditionnellement utilisée en France par voie orale dans le traitement des diarrhées légères et par voie orale ou locale dans les insuffisances veineuses comme les jambes lourdes.
La feuille de noyer est dispensée en pharmacie, elle est inscrite à la Pharmacopée européenne.
Du bon usage des plantes qui soignent (2022) Fleurentin J., Ed Ouest France, 414 p