Le chien peut-il présenter le rhume des foins ? Comme son compagnon humain, le chien et parfois le chat peuvent développer une allergie aux pollens. Toutefois ses manifestations diffèrent de celles de l’Homme. En effet chez le chien, les pollens sont plutôt responsables de la dermatite atopique canine (DAC), décrite pour la première fois en 1941 aux USA chez des chiens présentant une rhinite saisonnière au pollen d’ambroisie.
Quels sont les allergènes responsables de la DAC ? En pratique, la DAC est une pathologie multifactorielle principalement due à une allergie à différents aéroallergènes comme les pollens ou surtout les acariens de l’environnement. Les allergies aux piqûres de puces peuvent également être responsables de poussées de DAC. Enfin des allergènes alimentaires peuvent être impliqués dans la DAC, qui présente alors un caractère non saisonnier.
La DAC est-elle fréquente chez le chien ? Oui. La dermatite atopique apparaît généralement chez les animaux âgés de 6 mois à 3 ans et représente de 10 à 35 % des cas de dermatologie canine.
Il existe une prédisposition héréditaire à ce type d’allergie. Ainsi il est déconseillé de faire reproduire l’animal s’il présente une forme sévère. Il existe aussi une prédisposition raciale : parmi les races les plus touchées figurent le bouledogue français, le bulldog anglais, les Labrador et Golden retrievers, le Boxer, le Berger allemand, le Shar-peï et le Westie.
L’allergie aux pollens se manifeste-t-elle par une rhinite allergique comme chez l’Homme ? Non. Chez l’Homme, l’allergie pollinique consiste principalement en une rhinite saisonnière s’accompagnant généralement d’une conjonctivite. Elle peut être associée à de l’asthme ou une hyperactivité bronchique. Elle se démarque ainsi de la dermatite atopique, dominée par une inflammation chronique de la peau avec prurit, sécheresse cutanée et eczéma.
Symptômes associés
Chez le chien, l‘allergie au pollen se traduit surtout par des manifestations cutanées dominées par un prurit plus ou moins marqué. Celui-ci s’accompagne d’un érythème sur différentes zones comme les oreilles, la face (paupières, babines), les pattes (pododermatite), le ventre ou la région ano-génitale. Le passage à la chronicité peut s’accompagner d’une pigmentation et d’un épaississement de la peau avec parfois l’apparition de croûtes. Le chien présente alors souvent un pelage gras et malodorant. Des complications infectieuses ne sont pas rares (otite notamment).
Des signes non dermatologiques peuvent parfois être observés : la conjonctivite toucherait 21 à 30 % des chiens, alors que la rhinite n’en affecterait que 7 %. Le diagnostic de la DAC est avant tout clinique.
Un chien qui éternue et/ou présente une conjonctivite au printemps n’a donc pas forcément un rhume des foins ? Non. Il est préférable de consulter pour éliminer toute rhinite/conjonctivite virale ou bactérienne avant de conclure à une rhinite allergique. De même il faut éliminer la présence de corps étrangers (Graminées ) dans les narines ou les conjonctives.
Pourquoi mon chien développe-t-il une DAC ? La physiopathologie de la DAC est complexe et incomplètement connue. Elle combine des altérations du système immunitaire, des défauts de la barrière cutanée associés à des facteurs génétiques ainsi que l’exposition à certains allergènes environnementaux.
Chez le chien, les défauts de la barrière cutanée sont fortement impliqués dans la maladie, avec notamment une altération de l’expression de la filaggrine (protéine jouant un rôle majeur dans la résistance mécanique, la photoprotection et l’hydratation de la peau) et des céramides dans la couche cornée. Des dysbioses du microbiome cutané ont également été démontrées.
Un traitement de longue haleine
Quels sont les principes du traitement des chiens atopiques ? Le traitement de la DAC suppose l’identification préalable du ou des allergènes responsables (aéroallergènes ou allergènes alimentaires) et l’éviction des parasites externes (puces).
Le traitement d’une DAC impliquant des aéroallergènes, associe classiquement :
- un traitement étiologique (désensibilisation, éviction/contrôle des aéroallergènes dans l’environnement). La désensibilisation permet de guérir environ 60 % des chiens ;
- un traitement symptomatique destiné à soulager l’animal et faisant appel à différentes molécules sous prescription : antihistaminiques, corticoïdes, acides gras essentiels, ciclosporine, oclacitinib ou lokivetmab ;
- La prise en charge des pathologies associées (dermatoses et complications infectieuses) : shampooings antiseptiques et kératorégulateurs, antibiotiques par voie topique et/ou systémique, traitement de l’otite externe, élimination des parasites externes.
C’est un traitement de longue haleine, parfois très décourageant.
Quels conseils donner aux propriétaires d’un chien atopique sensible aux pollens ?
- Limiter l’exposition de l’animal au pollen en privilégiant les promenades tôt le matin ou tard le soir et en évitant les zones où les hautes herbes sont abondantes. Limiter les fleurs dans le foyer.
- Nettoyer le pelage pour éliminer le plus de pollen possible au retour de promenade : lingettes humides, shampoings périodiques.
- Équiper le véhicule d’un filtre à pollen et passer régulièrement l’aspirateur dans la maison.
Conclusion
Chez le chien, la dermatite atopique est la manifestation clinique du rhume des foins. Fréquente, cette pathologie complexe affecte lourdement la qualité de vie de l’animal en raison du prurit et des lésions cutanées occasionnés. Sous contrôle vétérinaire, des traitements efficaces existent ainsi que la possibilité d’une désensibilisation.
Réf. :
1. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1877032019303902
Manuscript_081fa74309a3e8bfcfeebf4d91f42f2c- F. Lavaud-L’allergie aux pollens reste d’actualité-2019-P1
2. Thèse K Gouvernet, ENVA 2002, citée page 7 - https://theses.vet-alfort.fr/telecharger.php?id=334
3. https://www.cabinetvetderm.fr/dermatite-atopique-chien/
4. Thèse D Combarros, ENVT 2023, https://theses.hal.science/tel-04390293v1, P45, P69, P72,P83
6. E. Bensignor, La dermatite atopique canine, Bull. Acad. Natle Méd., 2010, 194, no 7, 1357-1364, séance du 19 octobre 2010
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