Dominique Pautrat, président du directoire de Welcoop, a défendu le rôle des coopératives de pharmaciens dans la réindustrialisation du territoire, aux rencontres de la Fédération du commerce coopératif et associé (FCA). Welcoop fait partie des deux coopératives de services et cinq groupements coopératifs réunis dans un collège propre à la pharmacie au sein de la FCA. Interview.
Pourquoi un pharmacien indépendant a-t-il intérêt à rejoindre une coopérative ?
Pour maintenir le modèle libéral et indépendant de la pharmacie, auquel nous sommes attachés, les pharmaciens doivent trouver de nouveaux relais pour compenser la baisse structurelle de la marge des officines. Ils ont deux options, qui ne s’opposent pas : trouver seuls des idées pour se diversifier vers la parapharmacie, le maintien à domicile, etc. et capter une partie de la marge industrielle réservée aux fournisseurs. Comment ? En devenant collectivement des producteurs. Les bénéfices générés par ces activités sont redistribués aux adhérents et améliorent directement leur compte de résultat.
En quoi une telle coopérative participe-t-elle à la réindustrialisation du pays ?
Prenons le cas de Welcoop. Dès 1969, nous avons lancé la production de couches en marque propre, puis élargi nos capacités à d’autres productions : les dispositifs pour le diabète, la dermocosmétique, les pansements (nous sommes aujourd’hui numéro 3 du marché), les médicaments génériques (8ᵉ génériqueur en France) et les logiciels pour officines. Nous sommes même devenus numéro 1 de l’informatique pour les pharmaciens, et aussi pour d’autres professions de santé. Ces investissements, pilotés par et pour les pharmaciens, créent de la valeur sur le territoire, préservent des emplois et renforcent l’autonomie sanitaire. Face aux ruptures de médicaments dues à la dépendance aux productions étrangères, avoir une capacité industrielle locale via la coopérative garantit un approvisionnement plus stable et sécurisé.
Comment protéger la production européenne de médicaments ?
Il faut cesser de considérer la santé comme un simple marché. La France et l’Europe doivent mettre en place des mécanismes incitatifs pour favoriser les producteurs installés sur leur propre territoire. On ne peut pas être les derniers servis, parce que le prix du médicament est bas, par des laboratoires qui préfèrent réserver leur stock aux pays qui paient mieux. En France, on sait fabriquer des médicaments, un peu moins des molécules, mais on a des façonniers qui font nos génériques. J'estime qu’une coopérative comme la nôtre a un rôle citoyen plus important qu'un laboratoire à capitaux américains ou indiens.
Quel rôle joue le Collège des pharmacies qui a entamé cette semaine un tour de France pour convaincre les pharmaciens de rejoindre le modèle coopératif ?
Le Collège, qui fédère 15 071 pharmaciens, défend la vision partagée d’une pharmacie indépendante, libérale et ancrée dans le territoire. Ensemble, nous portons une voix forte auprès des pouvoirs publics. Nous demandons notamment la reconnaissance fiscale des investissements industriels faits au bénéfice du réseau de santé. Il s’agit de faire reconnaître la redistribution des bénéfices aux pharmaciens comme un outil de renforcement du maillage officinal.
A la Une
Moins de pharmacies, moins de titulaires mais plus d’adjoints en 2024 !
Exercice professionnel
Pas de tiers payant sans carte Vitale pour certains médicaments : une communication trop précoce de la CNAM
Exercice professionnel
La campagne de vaccination contre le Covid-19 prolongée jusqu’au 30 juin
En octobre, poussez le portail « Ma Pharmacie en France »