Le parquet de Paris a requis quatre ans de prison avec sursis contre le Dr Michel Geffard, radié de l’Ordre des médecins en 2017. Ce praticien bordelais est soupçonné d'avoir prescrit et distribué des traitements non autorisés, qu'il fabriquait lui-même, à des patients atteints de maladies chroniques.
Aujourd’hui âgé de 77 ans, le Dr Geffard est poursuivi pour exercice illégal de la médecine, de la pharmacie et de la biologie, pour fabrication et distribution de médicaments sans autorisation, ainsi que pour pratique commerciale trompeuse. Son procès s’est ouvert la semaine dernière devant la 31e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Jusqu'en 2019, ce médecin prescrivait à des malades chroniques (sclérose en plaques, maladie de Charcot) un « immunobilan », c'est-à-dire une prise de sang pour analyser leurs anticorps et ainsi poser un diagnostic biologique. Ensuite, le praticien, ancien directeur de recherche à l’INSERM de Bordeaux et lauréat de prix scientifiques dans les années 1990, leur proposait un traitement à base de « polycomplexes ». Des préparations magistrales réalisées au départ dans un laboratoire proche de Bordeaux. Face à l’augmentation de la demande, ces médicaments non homologués et non pris en charge par la Sécurité sociale ont par la suite été conditionnés et commercialisés par une pharmacie basée à Milan, en Italie. Comme le décrit le journal « Sud-Ouest », ces molécules étaient « censées neutraliser les antigènes bactériologiques », le médecin estimant que des infections intestinales sont à l’origine de ces maladies neurodégénératives. Un parcours de soins fondé sur « l’endothérapie », technique conçue par le Dr Geffard lui-même, mais dont l’efficacité n’a jamais été prouvée scientifiquement. Inquiété et même sanctionné par l’Ordre des médecins dès 1995, il a continué pendant près de deux décennies à vendre ses traitements expérimentaux à des patients. Tout s’est arrêté en 2019, lorsqu’une enquête de l’OCLAESP a conduit à la destruction du laboratoire et à l’interpellation du médecin et de trois autres personnes. Selon les enquêteurs, cités dans un article de « France Bleu », les malades « dépensaient 400 euros par mois » pour pouvoir suivre ce traitement développé en dehors de tout cadre réglementaire.
À ce jour, aucun patient n’a porté plainte contre le Dr Geffard, certains d’entre eux sont même venus à la barre pour le défendre. L’Ordre des pharmaciens, en revanche, s'est porté partie civile aux côtés de l’Ordre des médecins. Ce procès n’est « pas là pour juger l’efficacité de l’endothérapie », mais le fait que le Dr Geffard ait « choisi de ne pas se conformer au cadre légal », a rappelé la procureure.
Le parquet de Paris a requis quatre ans de prison avec sursis contre le Dr Michel Geffard et deux ans de prison avec sursis, pour complicité notamment, à l'encontre de l’épouse du Dr Geffard et de Pascal Trotta, un généraliste bayonnais exerçant en Espagne. Une peine d'interdiction définitive d'exercer une profession médicale ou paramédicale a par ailleurs été requise contre les trois prévenus. Le ministère public a également demandé la fermeture définitive de l'établissement d'une association fondée par le Dr Geffard en 1988. La procureure a enfin requis une obligation d’affichage et de diffusion de la décision, notamment dans des revues médicales. La décision du tribunal est attendue le 2 septembre.
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