Hamza Belmer, coureur du 800 mètres, a été condamné pour avoir présenté dans une pharmacie, à trois reprises, une prescription non conforme pour une boîte d’Aranesp. Le médicament était détourné dans un but de dopage et interdit aux sportifs. Les deux pharmaciens nantais et le médecin qui a signé l’ordonnance ont également été condamnés.
Deux titulaires d’une pharmacie d’un quartier prioritaire de Nantes ont été condamnés à 3 000 euros d’amende, pour délivrance irrégulière de médicament. Ils avaient dispensé Aranesp (darbépoétine) à trois reprises, sur présentation d’une ordonnance au nom d’une patiente qui n’existe pas. L’enquête a révélé que ces prescriptions ont été signées par un médecin généraliste de Créteil, dans le Val-de-Marne. Un généraliste de 65 ans très apprécié. Ce dernier a été condamné à un an de prison avec sursis et à une interdiction d’exercer une activité médicale durant dix-huit mois, assortie d’une amende de 3 000 euros.
L’affaire éclate lorsque l’athlète Hamza Belmer, spécialiste du 800 mètres, est contrôlé positif le 3 juin 2022 lors d’une compétition à Troyes. Les enquêteurs de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp) découvrent alors dans son téléphone une ordonnance pour l’Aranesp. C’est lui-même qui l’a présentée trois fois dans cette pharmacie nantaise. Or le principe actif, la darbépoétine, est interdit aux sportifs en raison de ses propriétés dopantes.
Comme l’époétine (EPO), la darbépoétine fait partie des agents stimulant l'érythropoïèse. Aranesp, utilisé dans le traitement de l’anémie chez l'insuffisant rénal chronique, participe à la production des globules rouges. Ce traitement est prescrit initialement à l’hôpital et peut être renouvelé par un généraliste. Le médecin de Créteil affirme avoir « fait confiance » à la personne qui l’a sollicité pour le renouvellement, une connaissance du coureur qui lui a ensuite envoyé l’ordonnance.
Hamza Belmer, arrivé en 2014 du Maroc, s’entraînait alors seul, matin et soir, sans sponsor. Il travaillait par ailleurs comme éducateur auprès d’enfants placés et de personnes handicapées pour aider sa famille au Maroc. En février 2023, l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) le suspend pour quatre ans, après l’annulation de son record sur 800 mètres. « Je ne peux plus approcher une enceinte sportive. Je trouve ça injuste, d’autant que j’ai été contrôlé à chaque compétition », a déploré l’athlète devant le tribunal judiciaire de Nantes, selon « Ouest France ».
L’ex-licencié de Nantes métropole athlétisme a été condamné à un an de prison avec sursis pour acquisition et détention d’une méthode interdite et obtention d’un médicament au moyen d’ordonnance fictive ou de complaisance. Il lui est interdit d’exercer un métier en lien avec le sport pendant dix-huit mois. Il échappe, cependant, à une inscription sur son casier judiciaire.
Les deux pharmaciens, dont l’une est désormais retraitée, ont délivré 150 boîtes d’Aranesp la même année 2022. Seules ces trois prescriptions n’étaient pas conformes. « Dans notre quartier gangrené par le trafic de drogues, le deal se fait dans la rue, se sont-ils défendus devant le juge, pas dans la pharmacie. »
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