Françoise Corbière est titulaire de la Pharmacie centrale fertoise, situé dans le centre-ville de la Ferté-Macé (Orne), depuis plus de 20 ans. Dans cette ville d’à peine 5 000 habitants, les médecins se font rares. Alors qu’ils étaient huit il y a une dizaine d’années, la population ne peut plus compter que sur trois « équivalents temps plein » assurés par des médecins retraités, forçant les officinaux à s’adapter. « Je dirais qu’il y a 25 à 30 % des patients qui sont sans médecins traitants, commence la pharmacienne, titulaire à la Ferté Macé (Orne). Pour le moment, le maillage pharmaceutique, lui, tient encore bon, mais il faut reconnaître que c’est une situation anxiogène pour les patients, comme pour les équipes. » Soucieuse de maintenir dans le territoire une offre de soins à la hauteur des besoins des patients, la titulaire affronte à bras-le-corps le phénomène de désertification médicale. D’abord, en continuant à se former. Outre les nouvelles missions, dans cette officine, il est possible de réaliser une consultation de télé-expertise en dermatologie. « J’ai plusieurs fois été confrontée à des cas de cancers de la peau dont la prise en charge a été trop tardive », explique Françoise Corbière. Alors, quelque temps avant la crise sanitaire, elle a suivi des cours du soir au service de dermatologie de l’hôpital d’Alençon. Ensuite, en ayant recours aux nouvelles technologies. La pharmacienne et son équipe ont fait le choix d’installer une cabine de téléconsultation dans l’officine. « Les médecins de la région ne sont pas en mesure d’absorber toute la demande en consultation. Même le service d’urgences est débordé. C’est arrivé qu’il nous adresse des patients pour une téléconsultation. » Proposer ce service n’a toutefois pas été une décision évidente, tant la solution est imparfaite. « Nous y avons réfléchi plusieurs mois avant de nous décider, parce que ces cabines résolvent une partie du problème, mais elles nous imposent aussi dans le même temps une lourde charge, déplore la pharmacienne. Les patients viennent désormais nous consulter alors que c’est d’un avis médical qu’ils ont besoin. » Un stress qui s’ajoute à la baisse du nombre de prescription, mais que Françoise Corbière accueille avec souplesse. « La désertification médicale nous impose de relever de nombreux défis de front. Ce qui n’est pas chose aisée, c’est vrai, mais je refuse de me plaindre. Ici, quand on est confronté à un obstacle, on se retrousse les manches et on le surmonte. » Dans cette officine, l’évolution la plus attendue, et qui ferait « d’une pierre deux coups », c’est la généralisation de l’expérimentation Orientation dans le système de soins (OSyS). « De plus en plus souvent, les patients nous sollicitent pour des petits maux, raconte Françoise Corbière. Nous ne sommes pas autorisés à retirer une tique et prescrire une antibiothérapie, par exemple, alors que le cas s’est présenté par le passé. » Un cadre réglementaire pour sécuriser la prise en charge des patients, qui sollicitent toujours plus leur pharmacien. « La charge de travail est lourde, mais nous gagnons ainsi la confiance de nos patients, pour qui le pharmacien occupe désormais une place centrale dans le système de soins », se réjouit Françoise Corbière.
Portrait
Françoise Corbière : « Confronté à un obstacle, on le surmonte »
Par
Publié le 05/06/2025
- 0 RéactionsCommenter
- Partager sur Facebook
Facebook
- Partager sur X
X
- Partager sur Linkedin
Linkedin
- Partager par mail
Mail
Article réservé aux abonnés
Titulaire d’une pharmacie située dans un désert médical, Françoise Corbière relève chaque jour les nombreux défis que pose la raréfaction des médecins. Formation à la dermatologie, recours aux nouvelles missions et à la téléconsultation, tous les moyens sont bons pour maintenir l’offre de soins.

Arthur-Apollinaire Daum
- 0 RéactionsCommenter
- Partager sur Facebook
Facebook
- Partager sur X
X
- Partager sur Linkedin
Linkedin
- Partager par mail
Mail
Source : Le Quotidien du Pharmacien
Analogues du GLP-1
Mounjaro : pour les Britanniques, il faut une double contraception
A la Une
Ozempic et Victoza reviennent en initiation de traitement
Panorama démographique de l'Ordre des pharmaciens
Moins de pharmacies, moins de titulaires mais plus d’adjoints en 2024 !
Exercice professionnel
Pas de tiers payant sans carte Vitale pour certains médicaments : une communication trop précoce de la CNAM