• Remises génériques
La menace de baisser le plafond de 40 à 20 %, issue de la mission Borne, est écartée pour l’instant. Mais la vigilance reste de mise, la Direction de la Sécurité sociale (DSS) ayant assuré qu'elle étudierait à nouveau cette question en 2024. Comme l'a souligné Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), cette baisse entraînerait un manque à gagner de 650 à 700 millions d'euros pour le réseau officinal, soit 10 000 postes d'adjoints équivalents temps plein. « Des salariés dont les titulaires ne peuvent se priver à l'heure où on leur demande de déployer les nouvelles missions. »
Une mesure d'autant plus malvenue que le réseau s'attend à une importante baisse des remises en 2023. Bien que l'assurance-maladie estime que ce montant reste inchangé, l'Union des syndicats des pharmaciens d'officine (USPO) considère que c'est une erreur. En effet, la hausse des tensions et ruptures contraint régulièrement les pharmaciens à faire appel à un fournisseur avec lequel ils n’ont pas d’accords commerciaux, donc pas de remise…
• Biosimilaires
Les pouvoirs publics ne cachent pas une forte volonté de développer les biosimilaires, notamment en élargissant la liste de ceux qui peuvent être substitués par le pharmacien. Une liste qui n'a toujours pas été dévoilée. Du côté des pharmaciens comme de l'association des fabricants de génériques et biosimilaires (GEMME), les propositions fusent : ouvrir tous les biosimilaires à la substitution, quitte à prévoir une liste « négative » des médicaments qui ne peuvent être substitués. Ou bien appliquer la liste des biosimilaires interchangeables par les médecins à la substitution des pharmaciens. Ou encore permettre la substitution pour tous les traitements aigus, ainsi que pour les traitements chroniques lors de leur initiation. Cette future liste doit faire l'objet d’un décret.
Mais, alertent les pharmaciens, pour que la substitution devienne réalité il faudra aussi que soit enfin publié l'arrêté de marge instituant l'égalité de la marge biosimilaire avec celle du bioréférent. L'USPO milite, par ailleurs, pour une rémunération spécifique. En outre, le gouvernement serait prêt à introduire, dans le futur PLFSS, une mesure dite du tiers payant contre biosimilaire lorsque celui-ci est substituable, sur le modèle du tiers payant contre générique.
• Pénuries
Toujours honnie des pharmaciens, la dispensation à l'unité (DAU) pourrait devenir obligatoire en cas de tensions ou ruptures concernant un antibiotique. Un peu passée aux oubliettes, la DAU refait surface depuis les pénuries d'amoxicilline l'hiver dernier, elle pourrait être inscrite au PLFSS 2024 et pourrait renvoyer à la négociation de l'avenant économique de la convention pharmaceutique.
En outre, le gouvernement travaille à la création d'un statut aux « préparations officinales spéciales », statut qui sera activable uniquement en cas de pénurie de médicaments. Cela permettra d'élargir le champ d'action des pharmacies spécialisées dans les préparations magistrales (préparations réalisées sur ordonnance) qui pourront réaliser ces préparations spécifiques en amont afin de permettre une délivrance dès la présentation de l'ordonnance.
• TROD et antibiotiques
La proposition de l'assurance-maladie ? Permettre aux pharmaciens la délivrance d'un antibiotique, sur protocole national validé par la Haute Autorité de santé (HAS), après réalisation d'un TROD cystite ou angine qui s'avère positif, le tout sans passer par la case médecin (mais dont l'information est obligatoire) et hors exercice coordonné. Très bien accueillie par les pharmaciens, beaucoup moins par les médecins, la mesure a pour objectif premier d'offrir une prise en charge rapide aux patients concernés sans attendre plusieurs jours pour décrocher un rendez-vous médical pour une pathologie bénigne mais douloureuse. Si beaucoup parlent déjà de prescription d'antibiotiques par le pharmacien, Philippe Besset tient à nuancer. « Le terme de prescription est impropre car l'autorisation porte sur l'habilitation des pharmaciens à mener un bilan selon le protocole de la HAS. La prescription découlera - ou pas - du résultat. »
Ce sont 5 millions de boîtes de fosfomycine qui sont délivrées chaque année. Plutôt qu'une hausse des volumes, le président de la FSPF parie plutôt sur un transfert d'environ 20 % (soit un million de boîtes) de la prescription des médecins vers la délivrance directe des pharmaciens. En outre, la réalisation systématique d'un TROD en officine pourrait conduire à ne pas délivrer d'antibiotique dans 80 à 90 % des cas. Raison pour laquelle, insiste Philippe Besset, mieux vaut rémunérer le pharmacien pour le bilan et non pour la délivrance…
• Téléconsultation
Autre mesure qui pourrait figurer au PLFSS 2024 : interdire la prescription d'antibiotiques lors d'une téléconsultation. Une mauvaise idée selon Philippe Besset, qui constate que les ordonnances qui conditionnent la délivrance d'antibiotiques à la réalisation d'un TROD sont souvent issues de téléconsultation. Du côté de l'USPO, la question ne devrait pas se poser puisque la seule téléconsultation qui devrait être autorisée est celle qui réunit le patient et son médecin traitant. Et dans ce cas, la prescription d'antibiotiques ne pose pas de problème.
• Entretiens prévention
Les entretiens prévention aux âges clé de la vie, qui devaient débuter avec la tranche d'âge 45-50 ans, ne verront pas le jour au 1er octobre. Cause du retard : le remaniement ministériel. Les quatre professions concernées - pharmaciens, médecins, infirmiers et sages-femmes - ont été informées que l'entretien, d'une durée de 30 à 45 minutes, sera rémunéré 30 euros. Et qu'il sera possible de coter des actes avec cet entretien. Exemple concret : une vaccination à l'issue de l'entretien, soit une rémunération de 30 euros + 9,60 euros.
• Protections périodiques réutilisables
Les cups et culottes menstruelles ne seront pas inscrites à la LPP mais disposeront de références spécifiques. Les industriels devront s'inscrire pour prétendre à la prise en charge. À ce stade, l'assurance-maladie envisagerait la prise en charge de trois cups ou culottes menstruelles par an pour les femmes jusqu'à 25 ans. Le dispositif ne devrait pas entrer en vigueur avant septembre 2024.
• Prescrire les vaccins
Deux préalables sont nécessaires à la mise en place de la prescription vaccinale à l'officine. L'inscription dans les LGO des dernières évolutions - âge seuil de 11 ans et vaccins vivants atténués - ainsi que le suivi d'une formation (et la déclaration de son activité à l'Ordre), condition sine qua non pour être habilité. Environ un millier de pharmaciens ont à ce jour demandé le remboursement de la formation auprès du FIF PL (Fonds interprofessionnel de formation des professionnels libéraux). Les pharmaciens ayant commencé la formation de prescripteur de vaccins avant l'arrêté du 9 août 2023 qui a défini le contenu obligatoire de cette formation, peuvent se tourner vers leur organisme formateur. Celui-ci sera à même de leur proposer un complément de formation répondant au cahier des charges imposé (voir page 7).
• Gardes
« La majoration pour les ordonnances de garde est passée de 30,9 millions d'euros en 2021 à 36,4 millions en 2022, ce qui démontre que le nombre d’actes pendant les gardes augmente et épuise les professionnels, indique le président de l’USPO. Les pharmaciens, seuls professionnels de santé à avoir cette obligation de participer à la permanence de soins, n’en peuvent plus ! » Le ressenti est identique à la FSPF, qui a lancé un sondage sur le sujet le 11 septembre et comptait déjà 5 000 participants en trois jours. Philippe Besset se dit prêt à entamer une réforme à condition d'obtenir un consensus rassemblant 80 % de la profession.
• Substituts nicotiniques
La prescription de substituts nicotiniques par le pharmacien après entretien motivationnel est en bonne voie. Le ministère confirme que cette mesure fait partie du Programme national de lutte contre le tabac (PNLT) 2023-2027 qui doit être présenté d’ici peu. Selon les informations de la FSPF, ce n'est plus qu'une question de semaines, sinon de jours.
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