Près d'un tiers des places en deuxième année d'études de pharmacie ne sont pas pourvues à la rentrée. La profession, qui redoute une désertification du milieu pharmaceutique dans les années à venir, appelle notamment à adapter la réforme des études de santé.
1100, c’est le nombre de places encore vacantes sur les bancs des 24 facultés de pharmacie françaises, un chiffre en hausse de 550 % par rapport à la rentrée précédente, selon l'Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF). En effet en 2021, le nombre de places vacantes s'élevait à 163, précise Romain Gallerand, porte-parole de l'ANEPF.
Ce constat met en lumière « l'application inégale de la réforme de l'entrée dans les études de santé » selon les universités, regrettent dans un communiqué commun des étudiants (ANEPF et Fédération nationale des syndicats d'internes en pharmacie et biologie médicale), le Conseil national de l'Ordre des pharmaciens, ainsi que les syndicats représentatifs des pharmaciens (FSPF et USPO).
« L'application défectueuse de la réforme, des programmes beaucoup trop chargés et une absence de comités de suivi locaux sont entre autres responsables de cette chute de remplissage des promotions », avancent les signataires du communiqué.
C'est donc la réforme des études de santé qui est essentiellement pointée du doigt. Car avec l’ancien système de la Paces, un concours déterminait un classement, tenant compte d'un numerus clausus prédéfini. Tous les étudiants « classés » accédaient alors automatiquement en deuxième année d'études. Mais désormais, « c'est un modèle de licence qui s'applique, alors si on n'a pas la moyenne, on ne passe pas », résume Romain Gallerand. Or, « les cours sont aussi compliqués qu'avant », déplore-t-il, ce qui peut expliquer une diminution du nombre d'étudiants sélectionnés.
Les professionnels de la pharmacie notent aussi « un grand manque d'attractivité » pour la filière, et dénoncent une présentation insuffisante de la variété des métiers (industrie, hôpital) au cours de la première année.
Au final, la réduction de l'effectif des étudiants n'est « pas viable pour (...) le système de soin français dans sa globalité », mettent en garde les syndicats professionnels, rappelant que le métier souffre déjà d'une « pénurie de ressources humaines » depuis plusieurs années. Ils attendent « des réactions, des dérogations pour l'année à venir et une adaptation concrète de la réforme des études de santé ».
Philippe Besset, président de la FSPF, regrette que « la ministre de l’Enseignement supérieur soit dans un déni de réalité : elle a rappelé que le nombre de places en pharmacie a augmenté de 9 % cette année ! Alors qu’il existe un gros problème avec la réforme, avec l’attractivité de la filière et avec la communication autour de la filière ». Philippe Besset rappelle que les étudiants entrent en première année d’études de santé dans l’objectif de faire médecine et que d’ailleurs, « il y a aussi des problèmes avec filière maïeutique ».
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