Dans un rapport dévoilé mercredi 11 décembre, la Cour des comptes juge sévèrement la réforme de l’accès aux études de santé, qui a mis fin à la PACES et instauré plusieurs voies d’accès aux différentes filières. Conscients du manque d’attractivité de la pharmacie auprès des jeunes, les Sages proposent un début de piste pour lutter contre ce problème.
Critiquée par les étudiants, des collectifs de parents, des professeurs d’universités et des représentants des professionnels de santé, la réforme de l’accès aux études de santé, mise en place en 2020, ne convainc pas plus la Cour des comptes, à l’origine d’un rapport salé sur le sujet. Les Sages jugent globalement cette réforme « complexe et coûteuse » et préconisent un retour à « une voie unique d'accès » aux filières de santé dès 2026, sur un modèle cependant différent de celui appliqué du temps de la PACES. Cette première année serait « consacrée principalement à la santé et gérée par l’UFR en santé », avec une mineure hors santé pour favoriser les réorientations, propose le rapport de la Cour des comptes.
Cette réforme a supprimé l'ancienne PACES (première année commune pour accéder aux formations de médecine, maïeutique, odontologie et pharmacie) pour la remplacer par trois nouvelles voies : le parcours avec accès spécifique santé (PASS, proche de l'ancienne PACES), la licence avec option accès santé (LAS, avec majeure dans une autre discipline et mineure santé), et des passerelles depuis certaines formations. Son objectif était d’améliorer la réussite des étudiants, diversifier leurs profils et supprimer le numerus clausus pour augmenter les effectifs de futurs professionnels. Quatre ans après, le bilan est donc « mitigé », juge la Cour. Cette dernière note un pilotage « insuffisant » de la part de l'État mais aussi un déploiement « hétérogène » avec « autant de déclinaisons que d'universités, tant les options offertes par le cadre réglementaire sont nombreuses » détaillent les Sages, qui reprochent à ce système d’être « complexe et difficilement lisible » pour les étudiants, familles, enseignants ou administratifs. Les Sages plaident pour une harmonisation nationale des enseignements et l'élargissement des systèmes de passerelles tardives.
Autre déception de cette réforme, elle n’a pas réellement permis de diversification des profils, notamment sociale, ce qui était pourtant l’un de ses enjeux majeurs. Encourager des jeunes issus de milieux ruraux et défavorisés à rejoindre ces filières est d’ailleurs l’une des priorités relevées par le rapport de la Cour des comptes. Les résultats des étudiants, eux, ont « légèrement » progressé mais avec des « inégalités importantes », les étudiants de LAS échouant davantage.
Si le nombre d'admis en deuxième année d'études a globalement augmenté, d'importantes disparités sont soulignées avec une augmentation importante en médecine et odontologie mais une diminution du nombre d’étudiants en pharmacie et maïeutique. Les Sages proposent donc « d’abandonner cette coexistence des parcours PASS et LAS, jugée complexe et inefficace », et « de mettre en place une voie unique d’accès » d'ici à 2026, toutefois différente de la PACES. Le rapport reprend aussi une idée déjà formulée par la Conférence des doyens de pharmacie : « Expérimenter dans certaines universités un accès direct en pharmacie et maïeutique pour un contingent d'élèves sélectionnés sur Parcoursup ».
Ce rapport de la Cour des comptes, très attendu par ceux qui dénoncent les lacunes de la réforme depuis son introduction, va maintenant devoir être pris en considération par le ministère de l’Enseignement supérieur.
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