Les pharmaciens participant au dispositif OSyS exercent sur les îles, les côtes du nord de la Bretagne et du Finistère Sud, mais aussi en Centre Bretagne, dans des Zones d’intervention prioritaire (ZIP) ou des Zones action complémentaire (ZAC), c’est-à-dire identifiées par l'agence régionale de santé (ARS) comme médicalement sous-dotées. L'épidémie a quelque peu retardé la cadence de leur formation. 38 officinaux ont à ce jour suivi le cursus obligatoire, 12 autres confrères devraient suivre au 1er mars. Néanmoins 200 patients ont déjà pu être pris en charge pour des soins non programmés depuis le lancement, en juin dernier, de cette expérimentation s’appuyant sur le dispositif de l’article 51 de la loi de financement de la Sécurité sociale de 2018.
Ces réponses ont pu être assurées grâce à 13 arbres décisionnels, élaborés par Pharma Système Qualité (PHSQ), pour 13 situations répertoriées. Il s'agit de prises en charge par voie dérogatoire de petits maux tels la lombalgie, la cystite, mais aussi, par autre dérogation, de la piqûre de tiques. Ainsi, dans ce cas précis, les pharmaciens sont autorisés à retirer la tique. De même, ils suivent l'évolution de la piqûre par photographie à J +1 et J +3. « Ces prises en charge sont effectuées à la suite d'un « triage » qui s'opère selon les protocoles validés par le Comité technique de l'innovation en santé (CTIS), à partir des recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) », expose Martine Costedoat, directrice générale de PHSQ, rappelant que le modèle suisse netCare, dont s'est inspiré OSyS, prévoit, lui, 27 situations de prise en charge.
Une prise en charge des petites plaies
Un premier bilan devrait être établi à partir de cette semaine, avant une évaluation à un an, cet été qui sera publiée par la DREES (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques). Mais déjà, les remontées du terrain réservent des surprises. Hormis les classiques cystites, les pharmaciens sont nombreux à être aussi sollicités pour des petites plaies. « Cette observation conforte l’objectif du dispositif OSyS qui est de s’appuyer sur le maillage du réseau officinal pour limiter les passages aux urgences », se félicite Martine Costedoat. A contrario, les services hospitaliers sont reconnaissants aux pharmaciens de leur adresser des patients venus initialement « chercher conseil » à l’officine pour une plaie. « La mauvaise automédication existe aussi. Et OSyS permet également d’identifier ces cas », note la directrice générale de PHSQ.
Mais cette expérimentation ne se contente pas de valoriser le rôle du pharmacien. Elle met en lumière la plus-value d’une démarche interprofessionnelle. Les médecins, qui y sont par ailleurs associés par le biais de leur URPS, sont informés par messagerie sécurisée de chaque intervention auprès de l’un de leurs patients. « Notre outil numérique trace chaque « triage » et génère automatiquement un compte rendu », précise Martine Costedoat.
Prenant désormais sa vitesse de croisière, OSyS suscite l’intérêt des observateurs, six étudiants de l'École des hautes études en santé publique (EHESP) ont même choisi de lui consacrer leurs travaux de fin d’études. On est, certes, encore loin des 15 000 prises en charge* ciblées par l’expérimentation. Mais déjà les premières données corroborent les observations du Canada ou de la Suisse, deux pays où ces modèles existent depuis respectivement 2012 et 2015.
* Rémunérées chacune 15 euros.
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