C’est avec maintes précautions que la Haute Autorité de santé (HAS) recommande l’utilisation de la doxycycline dans la prévention des infections sexuellement transmissibles bactériennes. Dans son avis mis en ligne le 29 janvier, elle conclut qu’il est « possible d’envisager » un traitement post-exposition (TPE-Doxy) chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) et les femmes trans, si et seulement si ces personnes sont à haut risque d’IST, à savoir : les hommes cis et les femmes trans ayant eu des rapports avec au moins deux partenaires hommes cis ou femmes trans au cours des 12 derniers mois et ayant eu au moins deux épisodes de chlamydiose, de gonorrhée ou de syphilis dans les 12 derniers mois. Dans le cas contraire, le TPE-Doxy n’est pas recommandé. Dans tous les cas, il n’est pas recommandé chez les femmes cis, ni chez les hommes trans, ni chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des femmes (HSF) uniquement. Quant à un traitement pré-exposition (PrEP-Doxy), les données ne sont pas suffisantes pour conclure.
Dans son avis, la HAS s’est notamment appuyée sur une branche de l’essai ANRS IPERGAY (232 volontaires) où la doxycycline réduisait de 73 % la survenue d’un premier épisode de syphilis et de 70 % la survenue d’une première infection à chlamydia dans le groupe TPE-Doxy par rapport au groupe témoin. Dans l’essai ANRS DOXYVAC (556 HSH), le risque d’infection à chlamydia ou de syphilis était réduit de 83 % dans le groupe ayant reçu la doxycycline en post-exposition versus le groupe témoin. Les résultats étaient moins impressionnants sur la survenue des infections à gonocoques (- 33 %).
2 comprimés dans les 72 heures
Très attendue par les utilisateurs de la PrEP-VIH et des personnes vivants avec le VIH multipartenaires, qui utilisaient déjà le TPE-Doxy en automédication préventive faute d’encadrement, cette recommandation reste timide du fait d’un faible niveau de preuve, d’un manque de données sur l’efficacité dans les autres populations, mais surtout de la crainte d’une antibiorésistance à plus ou moins long terme. « La résistance de N. gonorrhoeae à la doxycycline est acquise depuis longtemps », s’empresse d’éliminer la HAS. La question se pose plutôt pour C. trachomatis (chlamydiose) et T. pallidum (syphilis). « Étant exposées depuis longtemps à cette molécule, il est très peu probable qu’une résistance se développe », répond la HAS, tout en recommandant une surveillance ciblée de la sensibilité.
200 mg en monodose au plus tôt après le rapport sexuel sans préservatif et jusqu’à 72 heures au plus tard, sans dépasser 3 prises par semaine
En pratique, la doxycycline est à administrer à raison de 200 mg (2 comprimés) en monodose au plus tôt après le rapport sexuel sans préservatif et jusqu’à 72 heures au plus tard, sans dépasser 3 prises par semaine. Doit y être associée une prévention combinée : conseils de réduction des risques, dépistages répétés et traitement du VIH et des IST, vaccinations contre les IST (hépatite A, hépatite B, HPV), prévention du VIH par la PrEP-VIH. Un dépistage des IST est à effectuer tous les 3 mois avec traitement curatif de toute IST. Il est impératif de réaliser un test de guérison de l’IST après le traitement curatif pour s’assurer de l’absence d’émergence de résistante à la doxycycline.
Chez les patients traités par doxycycline au long cours à la dose de 100 mg (acné, prophylaxie du paludisme), une dose supplémentaire n’est pas recommandée, faute de données.
Des interactions avec les antirétroviraux sont cependant à prendre en compte. S’il ne semble pas exister d’interactions médicamenteuses entre la doxycycline et les molécules autorisées actuellement dans la PrEP-VIH (ténofovir, emtricitabine), la HAS rappelle qu’un risque modéré d’interaction médicamenteuse entre la doxycycline et les ARV inducteurs enzymatiques (ritonavir, éfavirenz, névirapine, étravirine) peut exister, avec une diminution de l’efficacité de la doxycycline.
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