Une tribune, diffusée par le think tank Biosimilaires, créé par l’agence Nile, et signée par 19 organisations de patients et de médecins*, s’oppose vigoureusement à la substitution biosimilaire par les pharmaciens. En réaction à des amendements (dont un qui émane du gouvernement) au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2024 et à un article paru sur le site du « Quotidien du pharmacien », elles insistent sur les risques « nombreux et documentés » d’une telle substitution.
Dans une tribune diffusée hier, les signataires* déplorent non seulement les amendements du gouvernement et du sénateur LR Alain Milon en faveur de la substitution biosimilaire, mais aussi que « dans certains médias, des titres racoleurs et des experts partiaux dévient le débat de fond et amènent le trouble avec des raccourcis et des contres vérités ». L’article visé a été publié sur le site du « Quotidien du pharmacien » le 15 novembre sous le titre « Contre la substitution biosimilaire : des associations de patients pilotées par l’industrie ? ». Son objet : rendre compte de l’avis d’un économiste de la santé, Frédéric Bizard, exprimé lors d’une conférence de presse organisée par le Laboratoire Samsung Bioepis.
Interrogé par la presse sur le communiqué d’associations de patients diffusé la veille et s’opposant à la substitution biosimilaire par le pharmacien, Frédéric Bizard avait alors rappelé la « parfaite fiabilité de ces médicaments » et estimé que « sur le plan scientifique, les associations de patients se trompent ». Plus que ce désaccord sur le fond, c’est l’interrogation de l’économiste sur le fait que « certains communiqués d’associations de patients [soient] très proches de communiqués de laboratoires de princeps » qui a semé le trouble.
Pour y répondre, 19 organisations de patients et de médecins signent une tribune intitulée « Pourquoi l’interchangeabilité doit demeurer le fondement de la politique du gouvernement sur les biosimilaires ». Soulignant qu’elles sont « en faveur du développement des biosimilaires », les organisations insistent sur « les risques que comporte une substitution automatique de ces médicaments par les pharmaciens », qui sont « nombreux et documentés » : effet nocebo, erreurs d’administration et diminution de l’observance « dues aux différences de composition et des dispositifs d’injection ». De plus, ajoutent-elles, « la substitution par les pharmaciens pose problème car la dispensation n’est associée à aucun acte d’éducation thérapeutique ».
Par ailleurs, les signataires indiquent que « les expérimentations permises par l’assurance-maladie ont permis de faire de grandes économies, plus d’un milliard entre 2018 et 2020 ». Tout comme « l’avenant 9 de la convention médicale est un franc succès ». Un avis qui n’est pas partagé par Frédéric Bizard, qui note que seulement 2 833 médecins ont effectivement prescrit en 2022 dans la cible des six biosimilaires listés par l’avenant 9. Par opposition, la tribune diffusée hier remarque que « la substitution par les pharmaciens n’a pas permis de faire progresser la pénétration des médicaments biosimilaires, au contraire ! ». Pour rappel, les deux seules molécules substituables par le pharmacien depuis avril 2022 avaient déjà des taux de pénétration très élevés : 95 % pour le filgrastim et 70 % pour le pegfilgrastim. Ce qui laissait présager une marge de manœuvre limitée pour les officines, comme l’avait aussi souligné en son temps le think tank Biosimilaires.
Pour les signataires de la tribune, le rôle du pharmacien est « celui du suivi de la bonne observance » des malades chroniques traités par un médicament biosimilaire et de « la bonne gestion de la iatrogénie ». Ils concluent : « Le choix de la substitution systématique par le pharmacien va à l’encontre de la santé publique, du libre choix éclairé des malades et de la relation que chaque médecin prend soin de tisser avec ses malades. L’utilisation de ces médicaments (...) ne peut pas se faire à marche forcée, les conséquences économiques et sociales ne seraient tout bonnement pas supportables pour notre Sécurité sociale. »
*AFL+, Association France spondyloarthrite (AFS), AFA Crohn RCH France, Association maladies rares, Association nationale de défense contre la polyarthrite rhumatoïde (ANDAR), Ensemble leucémie lymphomes espoir (Ellye), Fédération française des diabétiques (FFD), Association France psoriasis, Association Kourir, Syndicat national des médecins spécialistes en endocrinologie, diabétologie, maladies métaboliques et nutrition (Sedmen), Sep’Avenir, Spondyloaction, Lupus France, Action contre les spondylarthropathies (ACS), Avenir Spé, Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), Société française de rhumatologie (SFR), Syndicat national des médecins rhumatologues (SNMR), Syndicat national des dermatologues-vénéréologues (SNDV), Syndicat national des médecins français spécialistes de l'appareil digestif (Synmad).
A la Une
Les préparateurs autorisés à administrer les vaccins du calendrier vaccinal
Censure du gouvernement
Coup d’arrêt pour les remises biosimilaires, mais pas pour les baisses de remboursement
Épidémiologie
La grippe gagne du terrain
Officine pratique
Primes de fin d’année : un cadeau très attendu