C’est une colère froide qui anime les représentants de la profession depuis que le ministère de la Santé a annoncé son intention d’abaisser le plafond de remise des génériques à un taux compris entre 20 et 25 %. Dans un communiqué commun, les syndicats de pharmaciens (FSPF, USPO, UNPF) et les représentants des groupements (UDGPO, Federgy) invitent tous les officinaux à une grève illimitée des gardes et déclarent être prêts à mener d’autres actions si les autorités ne reviennent pas sur leur décision.
Une trahison. Voilà ce que ressentent aujourd’hui les représentants de la profession, qui n’ont désormais qu’un objectif en tête : faire reculer le ministère de la Santé et le dissuader d’appliquer une baisse du plafond de remise sur les génériques. « Une seule issue possible : le retrait pur et simple de cette mesure. » Le message est clair. Pour se faire entendre, syndicats de pharmaciens et représentants des groupements appellent premièrement les officinaux à « une grève illimitée des gardes sur tout le territoire ». Une action déjà votée ce lundi par l’USPO.
Le 1er juillet, les pharmaciens sont ensuite invités à se joindre à la manifestation qui réunira plusieurs professions de santé dans les rues de Paris. « Rendez-vous est donné aux manifestants au “Village des professionnels de santé trahis”, à partir de 11 heures, sur l’esplanade des Invalides à Paris, détaille le communiqué. Des espaces dédiés à chaque profession de santé permettront d’accueillir députés et sénateurs pour les alerter sur les conséquences de telles décisions. Le cortège s’élancera à 14 heures en direction du ministère de la Santé avec pour objectif de rencontrer, à 15 heures, Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles ».
Ces premiers actes de contestation pourraient en appeler d’autres. « Si la concertation avec le gouvernement n’aboutit pas rapidement à une issue protectrice de l’économie officinale, les pharmaciens se mobiliseront sous différentes formes et à différents niveaux pour une durée illimitée, jusqu’à ce que le maillage officinal et les équipes qui le composent soient enfin pris en considération », préviennent les signataires. À l’issue de son conseil d’administration tenu le 23 juin, l’USPO avait notamment évoqué la possibilité de mener des actions particulièrement offensives : « arrêter de dispenser les médicaments chers, bloquer les livraisons de médicaments par les grossistes, ou encore interrompre le recrutement d’apprentis ».
Si ces actions peuvent paraître extrêmes, elles témoignent du degré de déception et d’inquiétude ressenti par ceux qui portent la voix de la profession. « L’État veut faire payer aux pharmaciens le dérapage des indemnités journalières des arrêts maladie et des frais hospitaliers. Cette décision est inacceptable : les 600 millions d’euros ciblés sont une ressource indispensable au fonctionnement du réseau officinal », alertent-ils. La promesse du gouvernement de faire compenser cette baisse sur les génériques par l’introduction de remises sur les biosimilaires (avec un plafond à 15 %), marché naissant et encore très centré sur l’hôpital, ne convainc pour l’instant personne. Si le gouvernement ne renonce pas à ses ambitions sur les remises génériques, représentants des pharmaciens et des groupements redoutent de graves conséquences : accélération des fermetures d’officine, apparition de déserts pharmaceutiques, licenciements, ou encore aggravation des pénuries de médicaments, le tout, alors que le contexte international actuel fait planer la menace d’un retour de l’inflation. S’ils n’ignorent pas la nécessité de maîtriser les dépenses de santé, ces derniers pointent du doigt un autre fait difficilement compréhensible : l'exécutif « assène le coup de grâce à plus de 800 pharmacies en difficulté, tandis que d’autres acteurs du circuit des médicaments demeurent étonnamment préservés de toute mesure gouvernementale ».
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