Né à Metz le 30 mars 1754, Pilâtre s’adjoignit lui-même le nom plus aristocratique de « de Rozier ». Il apprit la pharmacie chez un apothicaire de la ville avant de tenter sa chance à Paris, où il se fit connaître autant par ses frasques que par les titres ronflants qu’il s’octroya, dont celui de Premier Apothicaire du Prince de Limbourg, pour mieux vendre les remèdes qu’il concoctait dans son officine. En réalité, il n’obtint jamais son diplôme de maître apothicaire mais, grâce à ses compétences scientifiques avérées et ses relations haut placées, il fut autorisé par le roi Louis XVI à effectuer le premier vol humain en montgolfière. Le 21 novembre 1783, il s’envole en compagnie du marquis d’Arlandes des jardins de la Muette, dans l’actuel 16e arrondissement de Paris, pour se poser une vingtaine de minutes plus tard sur la Butte aux Cailles, dans le 13e. Il effectuera plusieurs autres vols, secondé par des savants et des chimistes, dont l’un jusqu’à 3 000 mètres de hauteur. Il mit ensuite au point un nouveau type de ballon, chauffé à l’air chaud et au gaz et non plus à la paille, ce qui permit d’en réduire le poids et d’en rallonger l’autonomie. Le 15 juin 1785, il s’envole du Pas-de-Calais pour tenter la traversée de la Manche, mais après un départ réussi, le vent le repousse à l’intérieur des terres et il s’écrase près de Wimereux, sans doute en raison d’une déchirure de sa toile, constituée de peaux de mouton cousues entre elles.
Aéropostale
La France du XIXe siècle connut une véritable « ballonmanie », tant chez les scientifiques qu’au niveau du grand public. Les pharmaciens n’étaient pas en reste, à l’image du Néerlandais, Jean-Pierre Minckelers, qui élabora un système de chauffage de la toile par gaz de houille. Les pharmaciens militaires participent au perfectionnement des ballons, utilisés pour observer l’ennemi. C’est dans ce cadre qu’apparaît l’un de ces infatigables inventeurs que l’époque affectionne, Julien-François Jeannel, à qui l’on doit aussi, avant les chimistes Liebig et Maggi, le cube de bouillon de viande. Né en 1814 à Paris et formé au Val-de-Grâce, il est considéré comme… l’inventeur de la poste aérienne, qu’il élabora en 1870 lors du siège de Metz par les Prussiens, où il avait été affecté en tant que pharmacien en chef de la Garde Impériale.
Retranché dans un fort de la ville encerclée, Jeannel eut l’idée de construire des petits ballons légers gonflés à l’hydrogène, afin de rétablir les correspondances avec la France libre. Les ballons pouvaient voler 5 heures en emportant 1 200 grammes de courriers, lesquels ne devaient comporter aucune information d’ordre militaire ou officielle, car le vent risquait de les envoyer vers les lignes ennemies. 3 000 lettres furent ainsi « postées » par la voie des airs, mais les caprices du vent permirent tout de même à des courriers très critiques envers Napoléon III et le maréchal Bazaine d’arriver jusqu’à l’État-major allemand… ce qui mit fin à l’expérience par ailleurs concluante. Jeannel rédigea par la suite le Formulaire officiel de l’Armée et de nombreux ouvrages d’hygiène hospitalière.
Les ballons furent encore utilisés à des fins d’observation pendant la Grande Guerre mais, trop lents et trop vulnérables aux tirs d’artillerie, ils furent progressivement supplantés par l’aviation. De nos jours, l’aérostation reste principalement un sport et un loisir, d’ailleurs particulièrement prisé en Lorraine qui aime rappeler qu’elle constitue, depuis Pilâtre, la « terre natale » de cette activité.
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