Vœux des syndicats

Accélérer les transformations du métier et la protection du réseau officinal

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Publié le 16/01/2025
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Cette période d’incertitudes politiques n’est pas propice aux déploiements attendus dans le réseau officinal. De quoi faire trépigner d’impatience les représentants de la profession. Les présidents des deux syndicats représentatifs de la profession s’en sont ouverts la semaine dernière lors de leurs vœux à la presse.

De nombreuses avancées restent suspendues au vote des parlementaires

De nombreuses avancées restent suspendues au vote des parlementaires
Crédit photo : GARO/PHANIE

Plusieurs dossiers réclament un déblocage rapide. Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) et Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), attendent beaucoup du discours de politique générale prononcé mardi par le Premier ministre. C’est en effet une question de tempo. Sur la table, plusieurs textes législatifs comme le PLFSS, arrêtés et textes réglementaires, sont en souffrance. Et le réseau officinal ne pourra se satisfaire d’une année blanche.

Biosimilaires : au bon vouloir du PLFSS mais pas que

Il y a de fortes chances que les remises des biosimilaires soient maintenues dans le texte du Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) devrait être adopté aux parlementaires courant février. Car c’est vraisemblablement la version qui a été votée par les sénateurs fin novembre qui sera retenue, espère Pierre-Olivier Variot. Dans le cas contraire, « c’est-à-dire le retour à une feuille blanche, aucun texte ne pourrait être adopté avant fin mars ». Mais les remises ne constituent qu’un volet du dossier des biosimilaires. Un arrêté est attendu concernant l’intégration des insulines à la liste des biosimilaires substituables, réclamée par les syndicats mais controversée au sein même de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). « Le ministre tranchera », indique le président de l’USPO.

Territoires fragiles : vers un avenant 2 ?

Au premier rang des avancées attendues dans la convention pharmaceutique, le soutien aux pharmacies des territoires fragiles. Il reste suspendu à deux procédures. D’une part, la définition des zonages qui permettra aux ARS de déroger à la répartition des installations afin de faciliter ces dernières. D’autre part, la définition d’un autre zonage qui permettra d’identifier les officines susceptibles de connaître des difficultés économiques sous la pression de la désertification médicale. La mise en place d’un modèle économique différent, moyennant un soutien financier jusqu’à 20 000 euros, sera accompagnée de stages d’étudiants et de facilités dans la transmission « 1 000 villages sont identifiés », déclare Philippe Besset qui se promet d’écrire à chacun des maires concernés afin de leur exposer « l’urgence pour le développement de leur commune de garantir la présence d’une officine ». Pour accélérer sa mise en œuvre, le dossier de ces pharmacies en territoires fragiles pourrait s’affranchir de la voie législative, affirme le président de la FSPF, citant une proposition du directeur général de l’assurance-maladie. Il suffirait que le terme « territoires fragiles » soit ôté du texte conventionnel. Il n’est donc pas exclu qu’un avenant 2 vienne amender le texte signé par la FSPF en juin dernier. Une éventualité que ne rejette pas Pierre-Olivier Variot. Le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) est même prêt à abonder cet avenant d’autres propositions en faveur de l’économie officinale. « Il faut parer au plus pressé, les trésoreries n’ont jamais été aussi basses. Je reçois des alertes tous les jours, y compris de grosses pharmacies », s’alarme-t-il, dénonçant au passage la non-revalorisation de la vaccination contre la grippe et le Covid.

La financiarisation aux portes de l’officine

Un autre très gros dossier de l’année sera la financiarisation rampante du monde de la santé. Cette thématique fait l’objet de plusieurs rapports. Une enquête de la Commission des affaires sociales du Sénat a été rendue publique fin septembre 2024. Une autre a été lancée par l’IGF et l’IGAS à l’été dernier et devrait être finalisée fin mars. Et enfin le rapport annuel sur l'application des lois de financement de la sécurité sociale (Ralfss) de la Cour des comptes, à paraître en avril, consacrera un chapitre important à la pharmacie d’officine. « Il s’agira d’étudier en détail les fonds qui sont à l’œuvre, s’il s’agit de fonds étrangers, les critères de rentabilité et l’impact sur les professionnels de santé », rappelle Philippe Besset. Le président de la FSPF trace d’ores et déjà sa propre ligne rouge : les finances de l’assurance-maladie ne doivent pas alimenter des fonds souverains étrangers, l’accès aux soins ne doit pas être entravé et l’indépendance des professionnels de santé doit être garantie via la propriété de leur outil de travail. Il y va, rappelle-t-il, d’un moyen implacable pour lutter contre les fraudes. Le président de la FSPF n’en admet pas moins qu’il reste difficile pour certaines professions de santé d’opérer des investissements de taille sans soutien financier. À propos de la mise en place d’une régulation, le président de la FSPF se prononce en faveur de la création d’une instance de contrôle indépendante, à l’instar de l’ACPR pour les banques et les assurances.

Marie Bonte

Source : Le Quotidien du Pharmacien