La Commission européenne a lancé en juin 2024 une révision des allégations autorisées pour les produits revendiquant une protection solaire. La France apporte sa pierre à l’édifice, avec un avis de l’ANSES, préconisant un étiquetage plus simple et mieux encadré. Selon elle, la juridiction encadrant l’étiquetage de ces produits permettrait des allégations vagues, qui n’informeraient pas correctement l’utilisateur.
À l’occasion de la révision par la Commission européenne de la recommandation sur les allégations de sécurité et d’efficacité des produits de protection solaires (PPS), l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) plaide pour une meilleure information des utilisateurs. L’agence a produit un avis incitant à rendre la recommandation « plus claire et plus contraignante » écrit-elle sur son site Internet. Concernant le niveau de protection, par exemple, elle ne souhaite conserver que trois catégories (faible, moyenne ou forte). Ces dernières intégreraient ainsi la protection des deux types d’UV existants (UVA et UVB), le facteur de protection solaire (FPS) utilisé jusqu’ici ne renseignant que sur la protection contre les UVB et le logo « UVA » uniquement sur ce type d’UV. La catégorie « faible protection » regrouperait donc les produits affichant un FPS de 15 et 20, la « moyenne protection » ceux dont le FPS est de 25 ou 30 et la « haute protection » les produits ayant un FPS de 50 ou 50 +. « Tout ce qui est en dessous de 15 n'est pas suffisamment protecteur, explique Sandrine Charles, cheffe de projets "produits cosmétiques" à l'ANSES, et quelqu'un qui s'applique du 50 + peut penser qu'il va être très, très protégé, alors que c'est quasiment équivalent à du 50. » La suppression de l’emballage des produits cosmétiques (crème de jour, fond de teint, baume à lèvres) intégrant un filtre UV toute mention de protection solaire figure dans l’avis de l’ANSES. Ces produits appliqués une fois par jour en faible quantité, ne seraient pas à même de protéger des effets néfastes des UV. Parmi les autres mesures demandées par l’Agence sanitaire française, l’interdiction des revendications ciblant les bébés et les jeunes enfants, pour lesquels l’exposition au soleil est contre-indiquée jusqu’à la puberté. « Cette mention doit être interdite parce qu’elle biaise l’information, argumente Céline Druet, directrice adjointe à la direction de l’évaluation des risques de l’ANSES, à l’AFP, la crème solaire ne doit être utilisée qu’en dernier recours. »
L’ANSES s’inquiète par ailleurs des indications sur les quantités recommandées jusqu’ici aux usagers, qui varient avec la formulation du produit. Enfin, c’est aux produits se vantant d’un respect de la vie marine sans preuve de leur innocuité que l’agence s’est attaquée. Soulignant l’importance des moyens de prévention face au danger de l’exposition au soleil (rechercher l’ombre, porter des vêtements couvrants, limiter la durée d’exposition et éviter le moment de la journée où le rayonnement UV est le plus intense) l’ANSES rappelle aussi que les produits de protection solaire sont des moyens complémentaires. Ces derniers ayant pour but premier de protéger les parties exposées au soleil, comme le visage et les mains, pas d’autoriser une exposition prolongée.