Humeur

Et si on relativisait ?

Publié le 18/02/2022
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Nous sommes tous un peu comme ces gens qui font la fête dans le jardin pendant que la maison brûle. Un incendie est à leurs yeux tellement improbable qu'ils ne le voient pas venir et continuent à se quereller ou faire semblant de se distraire. Or nous sommes menacés par plusieurs catastrophes, pas une : la guerre en Ukraine, le réchauffement climatique, l'inflation et j'en passe. Des sujets tellement effrayants que nous préférons ne pas y penser, un peu comme si nous ne voudrions pas qu'ils prennent assez d'ampleur pour qu'enfin ils remplacent nos obsessions du moment. Remarquez qu'une menace peut être aussi une thérapie : elle fait de nos priorités (par exemple, la grogne permanente) un accès d'humeur secondaire. Elle nous rend réalistes, elle tait en nous la lancinante complainte de celui qui se croit malheureux mais n'a pas commencé à souffrir et ignore à quel point ce qui arrive fera mal. Suis-je un oiseau de mauvaise augure ? Ce serait vrai seulement s'il y avait quelqu'un pour me croire.

Richard Liscia

Source : Le Quotidien du Pharmacien