Le Quotidien du pharmacien –. À l’heure actuelle, que peut-on dire de l’épidémie ?
Antonin Bal –. Il y a une circulation intense chez les plus jeunes, avec des taux de positivité élevés et la circulation augmente chez les plus de 65 ans aussi. C’est un schéma classique d’épidémie de grippe saisonnière, les jeunes représentent la population qui porte l’épidémie, avant qu’elle n’atteigne les classes d’âge supérieures. Pour la troisième année, nous pouvons nous appuyer sur des chiffres produits par un réseau de laboratoire de ville, le réseau RELAB, qui offre des données restées jusqu'ici hors d’atteinte. Pour la semaine du 24 au 30 novembre, le taux de positivité dans la population globale est de 11,8 %, de 7 % pour les plus de 65 ans et de 25 % pour les 6-18 ans. Nous avons donc des données comparatives uniquement pour les deux dernières années, mais nous observons tout de même, cette semaine, deux semaines d’avance par rapport à ces deux épidémies précédentes. En parallèle, concernant le Covid-19, les laboratoires de ville rapportent des taux de circulation modérés, avec néanmoins un taux de positivité qui reste autour des 5 à 6 % chez les personnes âgées.
Quelles leçons tirer de la campagne de vaccination de la saison 2024-2025 ?
Par rapport à la campagne de l’an passé, l’objectif est d’améliorer la couverture vaccinale, de surpasser les chiffres de l’année précédente. Le but que fixe l’Organisation mondiale de la santé, c’est de dépasser 75 % de vaccinés chez les populations qui sont éligibles. La campagne a démarré très fort cette année. Près de 10 millions de doses ont déjà été délivrées cette année en pharmacie, c’est nettement supérieur à ce qui a été enregistré l’an passé à la même période. Le précédent score supérieur remonte même à 2020, avant la crise sanitaire. À cette période, 10,4 millions de doses ont été délivrées, c’était 9 millions en 2021. Et la campagne n’est pas terminée, la couverture devrait continuer à s’étendre, ce qui est une bonne chose.
La campagne de vaccination souffre-t-elle d’un défaut de minutage ou de communication ?
La vaccination doit être effectuée dans les temps. Ni trop tôt, ni trop tard. Le risque étant de ne pas être protégé au bon moment. Les vaccins contre la grippe confèrent une immunité à partir de 2 semaines après l’administration et durant environ 6 mois. Un élan de vaccination est survenu tardivement l’an passé, ce qui a participé à la gravité de l’épidémie. Les taux de positivité sont déjà hauts et vont continuer à augmenter. Il est important de poursuivre l’aller-vers pour participer à l’amélioration des couvertures vaccinales. Par ailleurs, il est important de rappeler qu’il est encore temps de se faire vacciner. D’autant que la période des fêtes approche.