Alors que la mobilisation des pharmaciens a remis en lumière l’absence de cadre réglementaire de la préparation des doses à administrer (PDA) par les officines au service des Ehpad, une analyse portant sur 600 EHPAD des régions Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) et Corse apporte un éclairage supplémentaire. Cette analyse, présentée lors des rencontres Convergences santé hôpital (CSH), fin septembre, montre que les résidents d’EHPAD ont une morbi-mortalité plus faible lorsque la structure dispose d’une PUI que lorsqu’elle a signé une convention avec une officine.
C’est une équipe de la PUI de l’hôpital de la Timone (Assistance publique – Hôpitaux de Marseille) et de l’Observatoire des médicaments, dispositifs médicaux et innovations thérapeutiques (Omédit) PACA-Corse qui s’est saisie de la base Résid’Ehpad 2023 de son territoire. Sur 560 EHPAD en PACA et 26 en Corse, seulement 10 % disposaient d’une PUI. « Dans la très grande majorité des cas, il s’agit d’une PUI rattachée à un Centre hospitalier, à l’exception d’un établissement disposant de sa propre PUI dans le département des Alpes maritimes », explique Stéphane Honoré, professeur de pharmacie clinique et responsable de l’Omédit PACA-Corse.
Le taux moyen de décès dans les EHPAD disposant d’une PUI était de 17,9 %, et le taux d’hospitalisations de 27,2 %, contre 20,8 % de décès pour un EHPAD sans PUI et 31,8 % d’hospitalisations. Un résultat confirmé, depuis cette analyse, par l’Agence régionale de santé (ARS) PACA à partir de la base Résid’Ehpad nationale.
Des explications organisationnelles à chercher
« Aucun paramètre ne semble pouvoir expliquer ces écarts à partir des données dont on dispose dans la base Résid’Ehpad, insiste Stéphane Honoré, également vice-président du Conseil national professionnel des pharmaciens. Cela ne veut pas dire qu’un des deux systèmes est meilleur que l’autre, mais qu’il y a sûrement des explications organisationnelles à chercher pour améliorer la situation. » Est-ce parce que dans les PUI les pharmaciens sont formés au circuit du médicament en établissement de santé ? Est-ce en raison d’une désorganisation interne des EHPAD sans PUI ? Est-ce un problème lié à l’interopérabilité des logiciels métiers entre l’officine et l’EHPAD ? « Nous n’en savons rien », ajoute le chercheur.
En Corse, tous les EHPAD ont été accompagnés par l’ARS et l’Omédit PACA Corse en 2022-2023 pour améliorer la qualité, en particulier la sécurisation du circuit du médicament. En PACA, certains EHPAD ont également été suivis de la même façon en 2024. « Il sera intéressant de comparer les données avant et après cet accompagnement pour en observer la portée », estime Stéphane Honoré, persuadé que l’on peut faire bouger les indicateurs de morbi-mortalité. Les pharmaciens d’officine, qui réclament depuis plus de dix ans la publication d’un arrêté sur les bonnes pratiques, ne diront pas le contraire.