Dans une petite cuisine d’un appartement lyonnais, cinq étudiants s’affairent autour de la table. Ils beurrent et garnissent des sandwiches, font réchauffer des lasagnes et de la paella, préparent du café… Parmi eux, quatre étudiants en 4e année de pharmacie et une étudiante infirmière. Ils font partie de l’association Pharm’maraude, créée en février 2020 par quatre étudiants en pharmacie lyonnais. Elle a pour but de venir en aide aux personnes en difficulté vivant dans la rue.
« L’association est née de discussions entre amis, explique Hugo Harkouk, président de Pharm’maraude. Au début nous voulions faire des maraudes mais sans forcément monter une association dédiée. Et puis, de fil en aiguille, nous avons finalement décidé de créer Pharm’maraude, pour avoir un cadre pour notre projet. » Pendant l’été, les quatre étudiants font quelques maraudes avec une autre association, appelée Ma Maraude, et ils lancent une cagnotte pour récolter des fonds.
Nourriture et produits de santé
À la rentrée de septembre, ils décident de se lancer. « Nous nous sommes inscrits à une banque alimentaire pour obtenir des dons de nourriture. Les supermarchés que nous avons démarchés n’ont pas voulu nous aider », regrette Hugo. En revanche, les pharmacies ont répondu présent pour leur fournir des produits de santé et d’hygiène : compresses, désinfectant, dentifrice, pansements, etc. « Par ailleurs, l’association féministe de la faculté va nous aider à trouver des protections hygiéniques pour les femmes qui sont dans la rue. Nous commençons aussi à avoir des dons de vêtements d’hiver par nos amis et nos connaissances », complète le président de Pharm’maraude.
Au bout d’une heure de préparation, les repas sont chauds, les sandwiches emballés et le café prêt dans une bouteille thermos. Les étudiants se mettent en route pour la maraude, bientôt rejoints par deux camarades. « Chaque semaine, nous avons deux ou trois bénévoles qui viennent nous aider pour la maraude », indique Hugo. Avant de commencer, il donne quelques consignes : ne pas forcer la discussion si la personne ne veut pas, lui demander de quoi elle a besoin, lui proposer nourriture, café et produits de santé, et bien sûr, rester respectueux et bienveillants.
Une trentaine de sans-abri rencontrés
Première étape de la maraude : la place Bellecour. Sous un échafaudage, à l’abri de la pluie qui menace, un groupe de sans-domicile fixe voit arriver les étudiants avec un grand sourire. Ils les ont déjà vus la semaine précédente et les connaissent. Les repas chauds sont fortement plébiscités, de même que le café. Camille Charyron, la trésorière de l’association, distribue quelques masques. L’un des sans-abri demande des lingettes, une autre souhaiterait un blouson. Tous aimeraient davantage de couvertures, pour se protéger du froid qui arrive. « Les autres associations n’en ont pas », regrettent-ils.
La discussion s’engage. La musique, les gilets jaunes, le foot… Les sujets de conversation ne manquent pas. Pour l’association, la maraude est aussi l’occasion de discuter et d’échanger avec ceux que l’on a l’habitude d’ignorer. Au bout d’un moment, les étudiants saluent les sans-abri en leur promettant de revenir la semaine prochaine et poursuivent leur maraude en direction de la place des Terreaux. En un peu plus d’une heure, ils vont apporter des repas à une trentaine de personnes. « Nous aimerions recruter deux autres personnes dans l’association, afin de pouvoir organiser un second jour de maraude, ou de couvrir un autre secteur », confie Victor Rocchesani, secrétaire de l’association. En attendant, Pharm’maraude continue de chercher des pharmacies partenaires pour lui fournir des produits d’hygiène et de soins…
*Pour contacter l’association : pharmmaraude@gmail.com