« Dynamique », c’est sans doute le mot-clé lorsqu’il est question d’étiquettes et de linéaires digitaux. A minima, ces deux familles de produits ont pour objectif premier d’informer un client sur le prix d’un article. En réalité, ces solutions cochent de nombreuses cases. Citons : un meilleur confort de lecture, des mises à jour instantanées des prix, de l’état des stocks ou des promotions, une optimisation du temps de travail du pharmacien, l’amélioration de la satisfaction client…
L’argument gain de temps
De quoi parle-t-on ? Une étiquette digitale se présente sous la forme d’un affichage LCD ou E-Paper. Elle est reliée à un logiciel dédié, généralement compatible avec tous les logiciels de gestion d’officines (LGO). C’est ce software qui se chargera de faire l’interface entre le LGO du pharmacien et l’étiquette, et qui poussera le contenu à afficher. « Tout est interconnecté. Par exemple, si le titulaire souhaite rattacher une étiquette à une nouvelle référence, il lui suffit de scanner le code EAN qui va lier le produit physique à l’étiquette », détaille Émilie Vollard, directrice marketing de Proébo.
La société Asca a fait de l’étiquetage officinal, sa spécialité. Pour son directeur des opérations, Antoine Chenu, ces étiquettes nouvelle génération sont devenues indispensables au pharmacien : « Au-delà de sécuriser le prix (une obligation légale, NDLR), elles transmettent en prime beaucoup plus d’informations à l’équipe officinale et à la patientèle, grâce à son affichage dynamique. »
Un avis que partage Émilie Vollard. Entre étiquetage électronique et étiquetage traditionnel, « c’est le jour et la nuit ! » D’après elle, il ne fait aucun doute qu’elles sont synonymes de gain de productivité, contrairement aux secondes. Modifier des prix ou le statut/disponibilité d’un produit n’a jamais été aussi simple, puisque les nouveaux prix s’afficheront instantanément une fois renseignés dans le logiciel. « Cette instantanéité est d’autant plus intéressante en période d’inflation où les prix fluctuent énormément », souligne-t-elle. Libéré de la tyrannie des prix, le pharmacien pourra ainsi consacrer plus de temps à d’autres missions à forte valeur ajoutée, par exemple le conseil client.
Gestion des stocks et des promotions
L’étiquetage digital joue également sa partition dans la gestion des stocks. « Il est possible qu’un produit soit indisponible dans l’espace de vente car en rupture de stock, précommandé mais pas encore livré, ou alors tout simplement disponible mais en réserve », explique Antoine Chenu. Renseigner ces informations, c’est faire d’une pierre deux coups. D’une part, l’étiquette informe l’équipe officinale sur le statut d’un produit, et donc sur la marche à suivre. D’autre part, elle informe le client qui peut venir directement consulter le pharmacien en cas de produit indisponible dans l’espace de vente, ou rentrer chez lui bredouille.
Les étiquettes vont aussi servir à animer les espaces de vente. Ainsi, une équipe officinale pourra intégrer un pictogramme sur l’étiquette d’une de ses références pour qu’elle soit identifiée plus facilement. Les promotions peuvent, par exemple, être figurées par des macarons de type « prix choc », ou « prix en baisse ». Il est également possible (pour certains produits disponibles sur le marché, NDLR) de rattacher un logo spécifique à une liste de produits identifiée comme une gamme biologique par exemple.
Les formats des étiquettes peuvent également varier, du classique au triple XL, afin d’intégrer toujours plus d’informations propres à chacun. « Avec la solution ASCA, une pharmacie peut, par exemple, insérer le logo du groupement auquel elle appartient », relève Jean-Michel Monin, directeur Division Pharmacie Europe, chez Equasens. Voire dessiner des éléments directement depuis un logiciel pour qu’il apparaisse ensuite sur l’étiquette… Laquelle s’apparenterait finalement presque à un écran.
Linéaires et étiquettes : des outils complémentaires
En parlant d’écran, et le linéaire digital dans tout ça ? Antoine Chenu le voit comme le prolongement des étiquettes digitalisées. Comme elles, c’est une solution d’affichage dynamique et il embarque peu ou prou les mêmes fonctionnalités. Avec quelques petits ajouts toutefois. Depuis un logiciel dédié encore une fois, « un pharmacien va pouvoir modifier les prix, intégrer des promotions, mais aussi mixer de la communication de tête de gondole avec de la communication de laboratoires… »
Ces écrans vont, en sus, libérer de l’espace en pharmacie et optimiser ainsi le remplissage des rayons. « Un linéaire digital peut réunir de nombreuses références sur un seul écran. Ce qui engendre un gain de place, mais aussi de rentabilité, puisque l’équipe officinale devra moins souvent remplir les rayons et pourra les réagencer plus rapidement », estime Adnane Sahlaoui, CEO et fondateur de Dynamiz Pharma. « Dématérialiser les produits va aussi réduire les risques de vols, en limitant la présence des produits en rayon », ajoute-t-il.
Ces linéaires tendent à renfermer toujours plus de technologie. Les fabricants développent notamment des solutions tactiles qui embarquent des fonctionnalités de commande. Et ce, toujours dans l’optique d’améliorer la satisfaction client et d’optimiser le métier du pharmacien, ou plus spécifiquement dans ce cas précis, la gestion des flux. Avec ces linéaires, un client peut effectuer sa sélection en quelques clics, puis venir les récupérer ensuite en caisse rapide. Certaines offres délivrent même du conseil au client sous forme d’arbre décisionnel. Un utilisateur répond à un questionnaire qui le redirigera vers une référence produit adaptée à ses besoins.
Un besoin de formation
Décidément, ces solutions n’ont que des avantages. Pas si vite. LGO, linéaires digitaux, étiquettes électroniques… La pharmacie tend vers toujours plus de digitalisation. Les aspects pratiques vantés par ceux qui développent ces solutions ne sont-ils pas amoindris par cette avalanche d’offres qui risqueraient, à terme, de compliquer la vie du pharmacien plutôt que la simplifier ? Le condamnant à jongler entre diverses applications et écosystèmes digitaux et à l’astreindre à des formations pour en maîtriser l’utilisation. Sur ce point, impossible d’être catégorique. Le pharmacien pourra toujours choisir de digitaliser tout ou partie de ses activités en fonction de ses besoins spécifiques et de son appétence pour ce type de produits.
Pour ce qui est des étiquettes électroniques et écrans digitaux, les fabricants se veulent rassurants, et tiennent tous à peu près ce discours : « Notre offre est un service clés en main », explique Antoine Chenu. Dans le cas d’Asca, une équipe de professionnels se charge de l’installation des étiquettes, du logiciel et de la mise en route de l’infrastructure de communication. Ensuite, une première formation est délivrée à l’équipe officinale pour la prise en main de l’écosystème. Une seconde, destinée au seul titulaire, doit l’aider à domestiquer les différentes fonctionnalités et régler les paramètres en fonction de la réalité de son officine. Quant aux mises à jour, elles sont automatisées.
Idem du côté de Proébo. « Toute la partie technique est à notre charge. Ce qui signifie déterminer le nombre d’étiquettes, paramétrer l’infrastructure et en expliquer le fonctionnement. Nous proposons également une hotline en cas de difficulté technique », développe Émilie Vollard. Et celle-ci d’ajouter que le pharmacien doit avant tout raisonner « par rapport au gain de temps » et à la « praticité des étiquettes électroniques ».
Préparer le terrain
Si sa société conçoit également des solutions clés en main, Adnane Sahlaoui le reconnaît, ces produits demandent un temps d’adaptation qui peut s’avérer chronophage. « Surtout lorsqu’il s’agit d’une borne tactile ! Ces technologies mobilisent beaucoup de ressources en matière d’accompagnement du pharmacien, mais aussi pour le patient à qui il faudra en expliquer le fonctionnement. » C’est ce que le fondateur de Dynamiz Pharma appelle « le temps de la transition ». Il donne un exemple : « Prenez La Poste, tout passe par des bornes automatisées désormais et plus personne n’imagine encore tendre son enveloppe à un postier. Mais avant d’en arriver là, il a fallu beaucoup de pédagogie. » Au-delà de l’investissement en temps, c’est aussi l’investissement financier qui peut représenter plusieurs milliers, voire dizaines de milliers d’euros. De quoi en refroidir plus d’un.