L'endométriose est une maladie complexe et multifactorielle dont l'origine reste en partie inconnue. Le diagnostic repose sur de nombreux examens, dont l'imagerie médicale (échographie, IRM) dont les performances sont insuffisantes pour détecter certaines formes précoces de la maladie. La cœlioscopie est aujourd'hui considérée comme l'examen diagnostique de référence mais elle constitue un geste invasif nécessitant une anesthésie générale avec des risques de complications per ou postopératoires.
Des essais cliniques ont été menés depuis plusieurs décennies sur plus d’une centaine de biomarqueurs potentiels (facteurs d’angiogenèse, de croissance, marqueurs hormonaux, immunitaires, inflammatoires…). Parmi eux, une nouvelle classe de molécules découverte en 2000, les microARN (miARN), a émergé comme une option prometteuse. Un lien direct entre la dérégulation de certains miARN et le développement des lésions d’endométriose a été mis en évidence, plusieurs études préliminaires ont par ailleurs démontré l’intérêt des miARN dans le diagnostic de la maladie. Malheureusement, en raison de limites méthodologiques ces études n'ont pas permis de mettre au point un test diagnostic performant et utilisable chez les patientes présentant des symptômes évocateurs d’endométriose.
L’étude menée par la start-up Ziwig, en collaboration avec cinq centres hospitaliers français spécialistes de l’endométriose, s’est démarquée des précédentes par une approche holistique innovante basée sur le séquençage haut débit et l’intelligence artificielle. La combinaison de ces deux technologies de pointe a permis d’évaluer l’intégralité du microARNome humain, soit environ 2 600 miARNS. Parmi les plus de 2 600 miARN humains, 109 miARN impliqués dans la physiopathologie de l’endométriose ont été identifiés dans la salive, et 86 dans le sang. Ils ont permis la caractérisation d’une signature de la maladie dont les performances (performance diagnostique > 98 % avec une sensibilité de 97 % et une spécificité de 100 %) se sont avérées supérieures à celles de tous les outils diagnostiques actuellement utilisés. « On a travaillé sur le sang et la salive, rapporte Gilles Doumer, vice-président de Ziwig. La grande découverte est que la salive a une qualité d’information et une fiabilité équivalentes au sang. De plus, la salive offre une haute concentration en miARN et d’excellentes conditions de stabilité, y compris en cas de longue conservation. L’idée d’un test salivaire a donc naturellement prévalu sur celle d’un test sanguin. »
Une fiabilité de 96 %
Le prélèvement salivaire est non invasif et réalisable n’importe où, par les patientes elles-mêmes, ainsi est né le test salivaire Endotest de Ziwig. « Ce test permettra d’identifier 96 % des patientes atteintes d’endométriose, quelle que soit sa gravité et de détecter tous les types d’endométriose, des formes superficielles aux formes profondes, y compris chez les patientes dites discordantes », assure le Dr François Golfier du CHU de Lyon. Son utilisation est très simple : les femmes réalisent elles-mêmes le prélèvement de salive à domicile au moyen d’un kit d’autoprélèvement. Elles renvoient ensuite le kit au laboratoire (indiqué sur l’enveloppe jointe), qui confirme ou infirme le diagnostic d’endométriose en quelques jours, avec une précision proche de 100 %. Endotest bénéficie d’un marquage CE, et fait actuellement l’objet d’un accompagnement institutionnel.
« On est prêt sur le plan logistique à produire, promet Gilles Doumer, vice-président de Ziwig. On travaille avec les autorités de santé, notamment la Haute Autorité de santé (HAS) pour tenter de faire rembourser le test et afin que toutes les femmes présentant une symptomatologie évoquant une endométriose puissent en bénéficier. » Si sa commercialisation doit a priori nécessiter une prescription médicale, la start-up Ziwig souhaite que l’Endotest soit accessible en pharmacie. « Les pharmaciens sont les professionnels idéals pour distribuer le test, faire de la prévention, et conseiller les patientes, surtout en cas de résultat positif », confirme l’entreprise.
En attendant une date de lancement officielle, le président de la commission endométriose du CNGOF, François Golfier reste optimiste « il n’y a aucun doute sur le fait que ce test sera un jour disponible et remboursé. La crise Covid a montré qu’on peut rapidement mettre à disposition des patients des tests si on estime que c’est une situation d’urgence. » D'autre part « Mieux détecter la maladie » est l’un des axes essentiels de la stratégie nationale de lutte contre l’endométriose dont le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé la mise en place le 11 janvier 2022.
D'après une visioconférence de Ziwig.