D'après la Fédération française de neurologie, près de 20 % de la population adulte souffre de migraine, avec une nette prédominance féminine.
Encore aujourd'hui, le parcours de soins des migraineux ressemble à celui d'un combattant, rappelle le Dr Véronique Blanchet spécialiste de la douleur à l'hôpital Saint Antoine à Paris : « Après un délai de 7 à 15 ans pour obtenir le bon diagnostic, les migraineux ont testé en moyenne 5 traitements de fond et 5 à 10 traitements de crise avec des résultats plus ou moins satisfaisants et plusieurs effets indésirables. Seulement 1 patient sur 5 a reçu des conseils utiles pour gérer sa pathologie. Certes il n'existe pas de solution unique, mais de 30 à 40 % des migraineux ne sont pas diagnostiqués par manque d'estime et d'écoute de leurs souffrances et ils se sentent stigmatisés et sortent du circuit médical. »
Sujet encore peu abordé et controversé, la migraine vestibulaire contribue à cette errance diagnostique. Cette pathologie, qui concerne 10 % des migraineux, désigne un dysfonctionnement de l'équilibre au niveau de l'oreille interne, il se traduit par des vertiges et des difficultés à apprécier les mouvements du corps dans l'espace. « L'amélioration de la prise en charge de la pathologie et l'accompagnement des patients passent aussi par une meilleure formation du corps médical, indique Cédric Gollion, neurologue au CHU de Toulouse. Actuellement on ne dispose que de 3 000 neurologues France et les traitements de la migraine n'occupent qu'une faible part au sein de leur cursus universitaire, les médecins généralistes aussi ne sont pas suffisamment formés pour aider les patients à gérer leurs symptômes. » Il est important que les patients prennent conscience qu’il existe des solutions et qu'une prise en charge adaptée et personnalisée est possible.
Nouveaux traitements de nouveaux espoirs
« La migraine est une affection neurobiologique d’origine génétique et multifactorielle. Il existe actuellement des traitements de crise et de fond efficaces, mais il faut faire du sur-mesure, insiste le Dr Christian Lucas, neurologue et président de la Société française d’études migraines et céphalées (SFEMC). De nouvelles approches thérapeutiques offrent des options supplémentaires aux personnes souffrant de migraine chronique et/ou de crises fréquentes et pour lesquelles d’autres médicaments peuvent présenter un risque d’effets secondaires. »
Les gépants devraient ainsi faire leur apparition sur le marché français dans les prochains mois. Ils peuvent être utilisés en traitement de crise ou en traitement préventif sous la forme de comprimés en ciblant des récepteurs très spécifiques situés sur les nerfs sensoriels. Ce sont des antagonistes du récepteur CGRP, un agent algogène très impliqué dans le processus de la migraine. Ce peptide est présent naturellement dans notre cerveau, mais, produit en excès, il provoque l'inflammation des artères méningées et transmet des signaux de douleur le long des nerfs qui sont impliqués dans les symptômes migraineux tels que les maux de tête de sensibilité à la lumière/aux sons, les nausées et les vomissements. En bloquant l'activation du récepteur CGRP, les gépants peuvent limiter la cascade inflammatoire associée à la migraine et mettre fin à une crise. Cette nouvelle classe s'ajoute aux anticorps monoclonaux inhibiteurs de CGRP qui sont déjà commercialisés en France, mais uniquement en injection et en perfusion.
« Malheureusement, tous ces traitements anti-CGRP ont un coût élevé et ils ne bénéficient pas d'un remboursement. Cette exception française pénalise de nombreux migraineux candidats à cette option thérapeutique », déplore Christian Lucas. De nouveaux espoirs de traitement sont en cours de développement, dont la voie PACAP, un neuropeptide en lien avec la physiopathologie de la migraine et les canaux potassiques.
D'après une visioconférence de la Voix des migraineux.