L’actualité de la reprise d’officine peut se résumer en 3 points essentiels : le marché est toujours dynamique et les récents problèmes géopolitiques, l’inflation et la crise sanitaire n’ont rien changé. L’envie des pharmaciens est toujours présente et l’amélioration de la situation économique suite à la pandémie incite certains titulaires à prendre leur retraite et par conséquent à vendre. On observe d’ailleurs une certaine surchauffe en matière de prix dans certaines régions recherchées comme l’Arc Atlantique. Enfin, il faut savoir que les conditions financières sont un peu moins favorables dans un contexte d’inflation forte.
Définir une stratégie à plusieurs niveaux
Différentes étapes dans le processus d’installation se démarquent.
La première est de trouver la pharmacie : en ville ou en zone rurale, quel type d’officine, son environnement médical, la concurrence, son chiffre d’affaires. Le choix de l’officine est essentiel car il en découlera la pérennité de votre activité et votre capacité à faire face à vos futures évolutions. Les priorités personnelles et familiales, la situation du conjoint et celles des enfants sont également à prendre en compte car c’est éventuellement une nouvelle organisation à mettre en place. En résumé il faut savoir vous projeter dans l’officine choisie avec du réalisme et de la motivation !
Autre sujet, et non des moindres, le financement. Se posent les questions de l’apport, des garanties, du taux et de la durée de l’emprunt, des acteurs qui peuvent vous assister. N’hésitez donc pas à évoquer votre projet avec votre banquier qui pourra vous faire connaître les règles du jeu pour obtenir un financement. Mais avant tout cela, il faut demander un audit juridique et financier, s’entourer dès le début de professionnels qui vont vous accompagner tout au long de votre projet.
L’expert-comptable est votre partenaire privilégié à plusieurs titres : pour analyser les données financières de la pharmacie à reprendre, pour établir un prévisionnel, pour s’assurer de la sincérité des comptes de l’officine ciblée… Il vous guidera donc sur les points essentiels à vérifier lors de l’acquisition et vous accompagnera également dans les démarches de recherche des financements. Les choix fiscaux sont des éléments très importants, l’expert-comptable pourra optimiser vos choix. Enfin, il vous conseillera sur le mode d’exploitation : seul, en association ou bien encore avec un investisseur, selon vos souhaits.
Bien s’organiser et s’entourer autour d’un projet
Bien évidemment, une acquisition est toujours un risque, celui d’entreprendre en quittant son statut de salarié. L’objectif est donc de gérer et de maîtriser ce risque. Dans ce contexte, il va de soi qu’il faut vous chercher du soutien. Si vous sollicitez des agences de transactions pour vos prospections, soyez exigeant car elles doivent vous apporter des informations précises et des conseils judicieux qui seront une vraie plus-value justifiant la commission d’intermédiaire.
Ensuite, rapidement, il est recommandé de se rapprocher d’un cabinet comptable spécialiste du monde officinal pour effectuer, d’une part, une analyse indépendante de l’affaire à acquérir, et d’autre part, voir si le projet est viable avec votre apport personnel. Il est aussi important, voire essentiel, d’être accompagné pour tous les aspects juridiques et fiscaux par un avocat ou un notaire qui connaît bien la réglementation propre à votre profession. N’oubliez pas les groupements de pharmaciens qui ont développé des services pour l’installation, ainsi que les grossistes répartiteurs qui peuvent, eux aussi, être un appui fort.
Le groupement, un booster d’aides à solliciter
Certains groupements ont développé des mécanismes d’aides financières pour la reprise de pharmacie, ils peuvent donc vous apporter le « petit plus » qui manque dans le plan de financement.
Rejoindre un groupement fait partie des solutions qui vous permettront de mettre des forces en commun. Certains groupements sont organisés sous la forme d’une coopérative dans une logique d’entraide. Ce sont des avantages en termes de logique de coût et de ressource. C’est la reconnaissance d’une identité de marque et de fidélisation client. Ils vous apportent des outils pour dynamiser votre officine, notamment dans le domaine de la communication et de la vente. Enfin, concernant vos achats, ils se font via la centrale du groupement pour des tarifs optimisés.
L’impact de l’inflation et de l’augmentation des taux d’intérêt
L’inflation doit être intégrée très sérieusement dans le plan de financement car il est probable qu’elle perdure dans le temps. Cela signifie que vous devez en tenir compte dans l’évolution des charges et surtout sur la masse salariale. Les difficultés à recruter vont perdurer, vous devez avoir cela en tête dans vos sélections d’officines. Sur le même registre, il faudra être prudent sur les évolutions de chiffre d’affaires qui ont été boostées artificiellement par la crise sanitaire. La hausse des prix de ventes, la remontée des taux d’intérêt, l’avantage de l’amortissement fiscal du fonds commercial, peuvent inciter les candidats à l’installation à acquérir rapidement une officine. Cependant, les experts-comptables mettent en garde contre une trop grande précipitation et recommandent d’étudier de près la valorisation du fonds par rapport à l’excédent brut normatif de la pharmacie à acquérir. Ceci d’autant plus que l’inflation risque de peser sur la rentabilité future des officines. Aujourd’hui il faut compter entre 6 et 12 mois pour finaliser un projet de reprise, par conséquent il faut faire preuve d’anticipation sur ce que sera l’économie française dans ces échéances ! Pas toujours facile !
Article écrit en collaboration avec Philippe Becker, consultant pour le département Pharmacie de Fiducial.

Retrouvez la dernière émission Pharmagestion
Réussir son installation
Durée : 15 min
Avec le soutien institutionnel de
