Un pharmacien d’officine, une présidente d’association de patients, un expert de la relation entre soignant et patient, et un maire constituent le jury qui doit désigner les lauréats du concours d’agencement de la pharmacie de demain*. Bien qu'évoluant dans des univers différents, tous partagent la même impatience de découvrir les propositions des participants. Leurs diverses expériences de la santé et des patients, au comptoir, comme élu local ou au sein du milieu associatif, contribuent à la richesse de ce jury.
Une officine pensée pour et avec les patients.
Récemment élue présidente de l’Aflar (association française de lutte antirhumatismale, qui représente vingt millions de Français), Françoise Alliot-Launois promet d'être particulièrement attentive à la prise en compte de l’avis et des attentes des patients : « Pour aboutir à une solution satisfaisante, il est essentiel de travailler main dans la main, professionnel de santé et patient. Cela impose de se consulter, d'échanger. ».
Pour la nouvelle présidente de l'Aflar, la réflexion menée à l'occasion du concours doit aboutir à une modélisation cohérente et partagée de l'officine. « Il y a urgence. Il manque dans les officines au moins un espace d'accueil donnant lieu à une relation thérapeutique de qualité, et à un accompagnement satisfaisant du patient dans son parcours de soins et son parcours de vie. Mais je suis confiante ; les pharmaciens sont capables de réinventer leur outil pour en faire un véritable pôle de santé. À travers ce concours, même les pharmaciens qui n'envisagent pas de faire des travaux peuvent se projeter et comprendre qu’un réagencement a minima contribue à enrichir la relation avec les patients. Ne serait-ce qu’écarter les comptoirs et les désencombrer, ou installer des sièges confortables… »
Une officine portée par agencement prédictif.
Luc Seigneur est le seul pharmacien du jury. Installé à Troyes, il a toujours cherché à faire de son officine l'antichambre de l’évolution du métier. Mais pour lui, créer pour créer n'a pas de sens. « Cette créativité doit s’inscrire dans une réflexion sur le métier tel qu’il est aujourd’hui, mais surtout tel qu’il sera demain. La e-prescription par exemple va modifier en profondeur le process de dispensation pharmaceutique et, par conséquent, l'agencement de l'officine. Dans un concours sur la pharmacie de demain, j'attends des candidats qu'ils anticipent ces évolutions. »
Fort de son expérience de terrain, Luc Seigneur souhaite découvrir des projets dans lesquels les participants porteront une approche prédictive du métier. Autre point auquel le pharmacien sera attentif, la prise en compte du profil de la patientèle : « La raison d’être de la pharmacie d’officine, c’est sa capacité d'accueillir physiquement les patients et d'établir une relation avec eux. Mais cette relation est influencée par de nombreux paramètres, notamment le profil psychologique du patient. L’enjeu est d’aménager une officine permettant de personnaliser la relation patient-pharmacien. Cela impose de créer des espaces divers, et de savoir les utiliser. »
Une officine tournée vers l'interprofessionnalité.
Aux côtés de Luc Seigneur et de Françoise Alliot-Launois, Jean-Michel Piedallu est le seul membre à ne pas être issu du monde sanitaire. Pourtant, son regard en tant qu’élu est précieux : « Ce qui est intéressant dans le fait d’intégrer ce jury, c’est de pouvoir dépasser l’aspect purement professionnel et de projeter la pharmacie dans le service public. »
Maire de l’Aiguillon-sur-mer (Vendée) depuis 2020 et sapeur-pompier retraité, il soutient, avec l'aide du pharmacien local, le développement d’une maison de santé dans sa commune : « La pharmacie d’officine fait partie de la vitrine des villages. En tant que citoyen et élu dans un secteur où la démographie médicale est fragile (la municipalité recherche deux médecins supplémentaires pour intégrer la maison de santé), je pense et j’espère que le transfert de compétences vers le pharmacien ou l’infirmier va s'affirmer et s’amplifier. L’accès à une santé de qualité est la première préoccupation des habitants. » À travers ce concours, Jean-Michel Piedallu souhaite trouver dans les projets présentés une réelle promotion de l’interprofessionnalité et une valorisation des compétences de l’équipe officinale au service de la population.
* Voir également notre édition du 4mars.