Le Quotidien du pharmacien.- Comment trouve-t-on le temps d’être une bénévole active tout en étant pharmacienne à plein temps ?
Valérie-Anne Rousselle.- J’ai pour principe de ne jamais dire « je n’ai pas le temps ». Je suis titulaire d’officine, impliquée dans la CPTS, j’interviens à l’hôpital, j’ai une vie de famille que je veux préserver, six chevaux et deux chiens que j’ai la chance d’avoir à mon domicile… Vu comme cela, je n’ai pas de temps pour la vie associative. En réalité, tout est une question de hiérarchisation pour prendre le temps. Par exemple, je profite de mes rares déplacements personnels pour récupérer du matériel médical dans les officines qui m’ont contactée. Pour PHI, je note dans mon téléphone chaque nouvelle idée ; une fois par semaine, je consacre une heure à l’association. C’est bien plus enrichissant que d’aller sur les réseaux sociaux. Mon conjoint a compris que cet engagement fait partie de moi.
Comment s’est passée votre rencontre avec PHI ?
L’injustice me révolte : je ne peux pas accepter que des enfants n’aient pas les mêmes chances d’être soignés parce qu’ils naissent dans des endroits différents sur la planète. On peut changer les choses et je me retrouve dans les valeurs de PHI. Quand j’étais étudiante, j’aurais voulu participer à des actions humanitaires. Après mes études, tout s’est précipité : je me suis installée très vite pour que la pharmacie où je suis actuellement survive. Après la pandémie de Covid, j’ai été sollicitée par téléphone pour acheter des produits PHI, dont les calendriers. Ça a ravivé mon envie de m’engager. J’ai pris contact avec Alain Berthon et nous avons organisé, avec l’aide de la chambre syndicale FSPF, une réunion d’information sur PHI. Une dizaine de pharmaciens a répondu et les statuts ont été déposés en 2023.
Comment envisagez-vous la suite pour PHI Ardennes ?
J’aimerais déjà que d’autres bénévoles rejoignent l’aventure et m’aident à porter les couleurs de PHI. Au départ, j’ai pensé tout arrêter ; mais j’ai senti un grand vide. Après tout, même si je fais des petites actions, ça vaut le coup de continuer. Je suis en relation avec le service social de Charleville Mézières, auquel je fournis du matériel médical. L’année dernière, nous avons récupéré, avec l’aide d’une autre association locale PHI, un tire-lait pour une jeune maman en situation d’exclusion. Cela démontre l’utilité de PHI. Et puis je ne suis pas seule. PHI est forte de son maillage départemental, qui continue à s’étendre. Lors du congrès 2025 (dans le Var) j’ai rencontré des bénévoles de toute la France, et de ces rencontres est née une envie de porter des actions communes. L’objectif à termes est de marcher sur les pas de ces pharmaciens qui ont créé la pharmacie humanitaire, et de monter une mission pour l’accès aux soins et à l’éducation des enfants défavorisés en Afrique. Ce sera notre contribution au monde de demain.