Plus grand salon pharmaceutique d’Europe, Expopharm est aussi le reflet des sujets qui touchent le plus directement les officines. Occupant de larges stands bien fréquentés, les agences spécialisées dans le personnel pharmaceutique, permanent ou intérimaire, n’ont jamais été aussi nombreuses que cette année. Elles promettent aux officines de leur fournir rapidement le personnel qui leur manque, en le recrutant aussi bien en Allemagne qu’à l’étranger. Parallèlement, de nombreux ateliers et séminaires se proposaient d’aider les titulaires à embaucher vite et bien, tandis que d’autres conférenciers présentaient les perspectives offertes par l’intelligence artificielle, que ce soit en matière de services aux patients ou de gestion quotidienne de l’officine.
Des pharmacies amies des jeunes
Mais certains pharmaciens estiment que l’avenir de la profession se trouve aussi… dans la patientèle, à l’image de l’association des « pharmacies amies des jeunes », créée et animée par une officinale installée près de Hambourg, Jeannette Bernstein. « Faisons notre autocritique et reconnaissons que nous n’écoutons pas toujours les jeunes comme il le faudrait », explique-t-elle en donnant la parole à des lycéennes, échaudées d’avoir été prises de haut, voire mal reçues dans certaines officines. Résultat, explique la consœur, « les jeunes vont à la pharmacie avec leur mère, quand ils sont petits, puis perdent complètement le chemin de nos officines, en dehors des cas d’urgence, pour n’y revenir vraiment que bien après la trentaine ». Elle relève que « 66 % des 15-25 ans font plus confiance à Google et aux influenceurs qu’aux pharmaciens » et estime qu’en négligeant trop cette classe d’âge, les pharmaciens perdent non seulement des clients, mais aussi des futurs collaborateurs : « leur donner envie de revenir à la pharmacie, c’est aussi trouver le personnel dont nous aurons de plus en plus besoin », dit-elle.
Son association entend renouer le dialogue avec les jeunes et mieux adapter les officines à leurs attentes, notamment en les recevant dans des espaces de confidentialité où ils se sentent à l’aise et peuvent venir avec un ou une amie, ce qui est important pour eux. Ces pharmaciens s’adressent aussi aux jeunes sur les réseaux sociaux, d’autant plus que « nous pouvons les alerter sur les dérives des influenceurs en leur rappelant qu’ils dépensent beaucoup d’argent en ligne, en particulier en compléments alimentaires, sans garantie d’efficacité ».
« À l’inverse des réseaux sociaux, l’officine propose et conseille des produits qui ne s’adressent pas à des millions d’internautes, mais à la personne qui vient spécifiquement à la pharmacie », conclut Mme Bernstein. Assise à côté d’elle, une jeune préparatrice explique qu’elle a choisi ce métier « parce que sa pharmacie lui a donné envie de le faire », et elle plaide désormais pour les avantages de l’officine, que ce soit en tant que jeune client ou pour y faire carrière. « Les vitrines qui parlent d’incontinence et de rhumatismes n’attirent pas les jeunes », observe une étudiante, tandis qu’un autre officinal regrette que beaucoup de jeunes pensent encore que le conseil du pharmacien se limite à des informations sur la contraception et les MST. Les idées reçues et la communication doivent évoluer, tant chez les pharmaciens que chez les jeunes, ont conclus les participants.