Maud Mingeau, titulaire de la pharmacie de la mairie, à Saint-Ouen-sur-Seine (Seine-Saint-Denis).
« Je ne peux m’imaginer ne pas faire d’effort pour la planète, pour mes enfants et mes petits-enfants. » Dans cette officine francilienne, la RSE c’est avant tout un « état d’esprit », qui relève du civisme. « J’ai repris cette officine il y a 6 ans, explique Maud Mingeau. La précédente titulaire n’était pas particulièrement sensible à la RSE, contrairement à l’une de ses adjointes, qui est restée et nous a mis sur la voie. » Durant leur premier entretien, cette dernière lui explique sa volonté d'instaurer un tri des déchets puis, petit à petit, « nous nous sommes engagés dans cette démarche et nous avons cherché à obtenir le label ECOR mis en place par Pharma système qualité (PHSQ), comme reconnaissance de notre engagement », poursuit la titulaire.
Étape suivante : réduire l'empreinte carbone de l’entreprise. Pour commencer, l’équipe, qui compte dans ses rangs trois pharmaciennes, trois préparatrices et deux apprentis, a réorganisé ses plannings, pour réduire ses émissions liées aux transports. L'officine est ouverte du lundi au dimanche, de 9 heures à 20 heures. « J’ai fait en sorte que mes collaboratrices soient présentes pour des journées complètes, mais un nombre de fois restreint dans la semaine, plutôt que tous les jours pour 5 ou 7 heures. » Ensuite, Maud Mingeau s’est attaquée aux livraisons. « Le grossiste ne nous livre plus qu’une seule fois par jour, là où dans le passé nous recevions deux livraisons quotidiennes, expose la Francilienne. Par ailleurs, être affiliée à Giphar, c’est pour moi l’assurance d’avoir quasiment tout sur la plateforme et donc une seule livraison pour les produits conseils et les médicaments. Le groupement implémente des groupes de travail et s’engage pour améliorer la durabilité de nos pratiques. C’est lui qui m’a fait découvrir la certification ECOR. »
Pour aller plus loin que l’organisation et de la logistique, des travaux de sobriété énergétique ont été réalisés pour améliorer la consommation d’énergie. Les ampoules sont désormais des LED, peu gourmandes en électricité, et « l’isolation et un système d’entrée et de sortie de l’air ont été déployés, ce qui nous permet de réduire de beaucoup le recours à la climatisation », se réjouit Maud Mingeau. Ces démarches, participent à la qualité de vie au travail de l'équipe et ainsi à fidéliser les équipes dans une région où le turn-over est très important. « Les seuls départs que j’ai eus étaient dus à des déménagements et une de mes adjointes qui était à mi-temps ailleurs a choisi de travailler dans mon officine à temps plein. Sur ce point, j’ai beaucoup de chance. »
Medhi Djilani, titulaire de la pharmacie Saint-Pierre, à Saint-Pierre d’Oléron (Charente-Maritime)
« La démarche RSE ne passe pas uniquement par l’écologie. » Mehdi Djilani est titulaire de cette officine depuis mai 2020. Son équipe compte 3 pharmaciens, un logisticien, une conseillère dermocosmétique, six préparateurs et un apprenti. Ici, l’accent est mis sur le bien-être au travail. La pharmacie est certifiée ISO 9001, un label accordé selon des exigences concernant « l’organisation, le management et la répartition des tâches, explique Mehdi Djilani. L’objectif est de réduire le stress dans l’environnement de travail, pour améliorer la qualité de travail des collaborateurs. » Des formations à la communication interpersonnelle ont par exemple été mises en place, pour assurer des interactions fluides au sein de l’équipe et celle-ci se réunit régulièrement pour discuter des axes d’améliorations internes pour travailler plus efficacement et plus sereinement. « Nous avons suivi une formation à la programmation neurolinguistique (PNL), qui aide à établir les profils des collaborateurs et leur manière de communiquer », raconte le Saint-Pierrais. Et celui-ci, un rire dans la voix, de citer Socrate : « Gnothi seauton, connais-toi toi-même. Mieux se connaître permet de soigner son rapport aux autres. »
Un état d’esprit qui « s’entretient quotidiennement », mais dont les bénéfices sont constatés au quotidien par les collaborateurs, qui sont « ravis de leur confort de travail, notamment grâce au nouveau bâtiment. » La pharmacie a récemment déménagé et intègre de nouveaux éléments, qui ne laissent pas l’écologie sur le banc de touche. Sur cette île conquise de longue date par le vélo, un parking vélo est mis à disposition des patients et des employés, qui sont nombreux à utiliser ce moyen de transport. De plus, la pharmacie comprend une pièce de repos pour l’équipe et le bâtiment a été construit selon les dernières normes environnementales et énergétiques. L’officine est donc bien isolée et présente une faible consommation d’énergie. Par ailleurs, « nous avons installé, orientés plein sud, 40 panneaux photovoltaïques de 16 kW, prévus pour l’autoconsommation et la revente d’un éventuel surplus d’électricité, se félicite Mehdi Djilani. La mise en route a été faite au printemps. C’est un investissement financier, mais nous atteindrons sans aucun doute la rentabilité à long terme. »
Caroline Martin, adjointe à la pharmacie Leloup, à Dieulouard (Meurthe-et-Moselle)
« Nous avons obtenu le niveau 3, le plus haut niveau du label ECOR. » Sur l’impulsion de son adjointe Caroline Martin, la pharmacie Leloup a entamé des démarches RSE. Des petits gestes d’abord. « Notre titulaire nous a offert des gourdes et nous avons banni les gobelets et les bouteilles, idem avec les capsules de café, celles que nous utilisons aujourd’hui sont réutilisables, nous utilisons au maximum des feuilles de brouillons pour les impressions, utiliser du papier et des cartouches recyclées, envoyer les factures par mail », énumère Caroline Martin. Ensuite, c’est la consommation d’énergie qui a été passée au crible pour chasser le gaspillage. « Un détecteur de mouvement a été installé sur la lumière à l’étage, nous avons programmé les ordinateurs pour s’éteindre lorsque la pharmacie est fermée et nous nous sommes ensuite penchés sur les livraisons », poursuit l’adjointe. Terminé les livraisons multiples dans la même journée, désormais les commandes ont été regroupées et la pharmacie ne reçoit plus que deux livraisons par jour au lieu de cinq. Avec le label ECOR, l’équipe a accès à un Logiciel de qualité officinal (LQO) qui les aide à traquer les dysfonctionnements et à les mettre sur la table au cours des réunions. Par ailleurs, « nous avons mis un code spécial dans le logiciel de dispensation pour identifier les patients qui ont des multiples prescriptions, parfois plus d’une dizaine de boîtes par mois, afin de les aider à consommer le moins de boîtes possibles ».
Pour aller plus loin dans cette démarche de bon usage, l’officine a mis en place un partenariat avec DASRI et Cyclamed pour proposer deux journées d’éducation thérapeutique aux patients. Au cours de celles-ci, « nous leur avons demandé de ramener leurs médicaments périmés ou qu’ils n’utilisaient plus, afin de les sensibiliser aux bonnes pratiques, raconte la pharmacienne meurthoise. Nous sommes une officine rurale, nos patients sont demandeurs de ce type d’animations ». Enfin, un levier très important dans les démarches RSE, c’est l’origine des produits. « La titulaire met un point d’honneur à commander le plus possible des produits fabriqués en France, donc en circuit court », conclut l’adjointe.
Rebecca Falcetta, titulaire de la pharmacie du Carrousel, à Gérardmer (Vosges)
« Ce n’est pas concevable pour moi de vendre des produits dont on connaît les dommages qu’ils peuvent causer aux patients ou à l’environnement, je fais mon travail jusqu’au bout. » Rebecca Falcetta a ouvert son officine à l’été 2024 et, pour elle, la RSE a toujours été une évidence. « D’abord, j’ai commencé par le tri, personne ne triait quoi que ce soit lorsque j’ai repris la pharmacie, commence-t-elle. Ensuite, je me suis affiliée au groupement Anton & Willem, qui commercialise des produits naturels et biologiques. » En plus des médicaments prescrits, on trouve dans les rayons de la pharmacie du Carrousel toute une gamme de solutions naturelles en phytothérapie, aromathérapie, apithérapie, oligothérapie, micronutrition pour répondre aux petites pathologies du quotidien : immunité, vitalité, mobilité, circulation, digestion, sérénité, sommeil…
« Ces produits sont pensés pour être le plus respectueux de l’environnement possible : les compositions découlent d’un cahier des charges strict, les flaconnages sont en verre recyclé et lorsque les plantes peuvent venir d’Europe, nous faisons en sorte que cela soit le cas », décrit Rebecca Falcetta. Choisir la naturalité lui améliore aussi l’attractivité de son officine, pour ses collaboratrices, comme pour la patientèle. « Une de mes deux adjointes a démissionné de l’officine où elle travaillait depuis 15 ans pour me rejoindre, souligne la titulaire. Mon équipe est motivée et sensibilisée à ces sujets. » Du côté des patients, « certains viennent de loin pour un conseil spécialisé sur des produits naturels », se félicite la Vosgienne, qui reconnaît cependant que les prix plus élevés peuvent constituer un frein pour un certain nombre de patients. « Par ailleurs, avec mon groupement, nous sommes en permanence en train de nous former, raconte Rebecca Falcetta. C’est passionnant et les patients nous accordent aussi leur confiance pour cette raison. »
Anne Barranx, titulaire de la pharmacie des Tilleuls, à Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne)
« Pour prendre soin des gens, mon entreprise doit aussi prendre soin de la planète. » L’implication d’Anne Barranx pour l’environnement est due à une prise de conscience durant le congrès de son groupement Giropharm, il y a quelques années. Y est intervenue une entreprise d’accompagnement des entreprises en RSE, pour sensibiliser ses adhérents. « Je me suis rendu compte que je faisais des efforts chez moi pour adopter un mode de vie plus durable, mais pas dans mon entreprise. Je pense que je fermais les yeux, par habitude, raconte la titulaire Val-de-Marnaise. En réalité, ce n’est pas parce que le monde de la santé est essentiel qu’on ne peut pas essayer d’alléger notre empreinte. »
Parmi les mesures mises en place à la pharmacie des Tilleuls, Anne Barranx a investi dans les infrastructures pour améliorer à la fois le confort de ses salariés et l’empreinte carbone de l’entreprise. « J’ai fait réaménager la salle de pause, pour qu’elle réponde aux besoins de chacun et permette d’accueillir un peu plus qu’un micro-onde. De cette façon, mes collaborateurs n’ont pas besoin de rentrer chez eux pour déjeuner et réduisent leur consommation de carburant. Nous avons aussi trouvé une manière solution pour que l’un de mes salariés puisse garer son vélo en sécurité, le quartier ne permet pas de le mettre n’importe où. »
Dans un second temps, les réflexions se sont portées sur les livraisons par les grossistes. « Le sas de livraison ne me permettait pas de stocker tout une journée de commandes, alors je l’ai fait agrandir, raconte la titulaire. Désormais, le sas permet de recevoir le volume d’une journée de commande en une cargaison, l’objectif étant de passer de 17 à 11 livraisons hebdomadaires. » L’origine des produits est elle aussi étudiée. « Je demande systématiquement aux laboratoires la provenance de leurs produits, je suis très fière de proposer des tests de grossesse intégralement français », se félicite Anne Barranx. Enfin, dans la pharmacie des Tilleuls, la RSE passe aussi par la formation. « J’en ai suivi une sur les perturbateurs endocriniens et je trie mes produits sur ce critère, pour mieux conseiller et orienter mes patients. J’ai ainsi accompagné un jeune couple de futurs parents, qui ont été très sensibles à cet accompagnement. »