De quoi est mort Beethoven ? Près de deux siècles après la disparition prématurée du génial musicien à l’âge de 56 ans, on s'interroge encore sur les maladies qui l'affectaient et sur sa surdité. Car le grand Ludwig van aura été torturé jusqu'à la fin de sa vie par toutes sortes de maux, sublimant ses souffrances en symphonies incandescentes et sa descente aux enfers en hymne à la joie.
L'analyse de l'ADN de ses cheveux vient d'éclairer quelques zones d'ombre qui entourent sa mort. Une étude, publiée la semaine dernière dans la revue « Current Biology », révèle de fortes prédispositions génétiques aux maladies du foie, ainsi qu'une infection au virus de l'hépatite B à la fin de sa vie, deux facteurs ayant vraisemblablement contribué à sa mort, très certainement d'une cirrhose, aggravée par la consommation d'alcool. En 1802, le compositeur avait fait part de sa volonté, dans une lettre à ses frères rédigée dans un moment de désespoir, que sa maladie soit décrite après sa mort et rendue publique. « Nous avons cherché à répondre à ce souhait », a indiqué Tristan Begg, chercheur à l'université de Cambridge et auteur principal de l'étude.
Si le mystère perdure encore autour de certaines des nombreuses pathologies dont souffrait Beethoven, les auteurs de ces recherches démarrées depuis près de dix ans se réjouissent des premiers résultats obtenus à partir de mèches de cheveux du compositeur. Jusqu'ici, le peu que l'on savait sur la santé de Beethoven venait essentiellement de ses correspondances, son journal, des notes de ses médecins, ou encore d'un rapport d'autopsie. Cette fois, les scientifiques se sont donc penchés sur des mèches de cheveux appartenant au musicien. Le séquençage de l'ADN s'est déroulé dans le laboratoire de l'Institut Max-Plank d'anthropologie à Leipzig, en Allemagne. Foie fragile, hépatite B et forte consommation d'alcool, un cocktail délétère qui expliquerait la maladie qui l'a emporté si tôt. Le mystère demeure sur sa surdité, qui aurait pu être causée par une otosclérose ou la maladie de Paget. Mais surtout, ce qu'aucun test ADN ne pourra jamais décrypter, c'est l'origine d'une telle puissance créatrice capable de produire une œuvre aussi sublime.