La composition exacte de l’urine humaine désormais connue

Vous saurez tout sur le pipi !

Publié le 23/09/2013
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JUSQU’AU XIXe siècle, il n’était pas rare que les médecins portent à leurs yeux, leur nez, voire leur bouche, le flacon d’urine que leur confiaient leurs patients. Ils appréciaient ainsi l’odeur d’acétone, le goût sucré ou la turbidité du liquide biologique. Aujourd’hui, les analyses d’urine sont un peu plus précises, même si elles ne visent à peine que 6 à 7 métabolites. La composition de ce biofluide est pourtant infiniment plus complexe qu’il y paraît. Telle est la conclusion des travaux menés pendant plus de sept ans par une équipe de chercheurs de l’université de l’Alberta. Sous la direction du Pr de biologie David Wishart, les scientifiques ont identifié pas moins de 3 079 composés dans l’urine humaine. Parmi eux, 2 282 proviendraient de notre alimentation, de médicaments, de cosmétiques ou d’une exposition environnementale. Pour parvenir à ce résultat, les chercheurs, penchés sur le liquide clair, ont utilisé des techniques de chimie analytiques fines, mais ils ont également complété leurs travaux par des recherches bibliographiques informatisées sur une période de 100 ans. Cet inventaire de noms chimiques, de descriptions de structures, de concentrations et d’associations de maladies pour des milliers de métabolites urinaires est désormais logé dans une base de données librement accessibles, appelée « base de données du métabolome (pour métabolisme et génome) d’urine », ou UDMB. L’urine est certes facile à recueillir, mais sa complexité chimique en faisait un fluide difficile à interpréter biologiquement, souligne David Wishart. Désormais une nouvelle génération de tests médicaux rapides, indolores et bon marché, va pouvoir voir le jour, assure-t-il. Des kits de dépistage du cancer du côlon, du cancer de la prostate, de la maladie cœliaque ou de la pneumonie seraient déjà en cours d’élaboration. La vérité (diagnostique) au fond du flacon, ce progrès ravira au moins les phobiques de la seringue !

› DIDIER DOUKHAN

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3031