Vaccination chez les nourrissons : pourquoi si jeunes ?

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Publié le 28/01/2019
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Au cours de leur première année de vie, les nourrissons doivent être vaccinés contre 11 maladies différentes. Nombreux sont les parents qui s'interrogent sur l'intérêt de réaliser ces vaccinations si jeune. « La première raison, et non la moindre, c'est la protection de l'enfant vis-à-vis de ces maladies qui peuvent être plus graves ou mortelles à cet âge », insiste Angélique Chauvineau-Grenier, pharmacien biologiste. Dans les premiers mois, les bébés bénéficient encore des anticorps maternels mais ceux-ci disparaissent peu à peu. La vaccination permet de prendre le relais. Bien que la maturité immunitaire soit acquise après l'âge de 2 ans, « cela n'empêche pas le système immunitaire du nourrisson d'être capable de générer une réponse immunitaire assez complète », souligne la pharmacienne biologiste, contrant ainsi un argument phare des « antivax ». Pour remédier à une subtilité immunologique du jeune enfant, il a fallu trouver une parade dans la formulation des vaccins, comme l'explique le Dr Chauvineau-Grenier : « On distingue les antigènes de type protéique et les antigènes de type polysaccharidique. Pour les premiers, la production d'anticorps repose sur une coopération entre lymphocytes B et T. On parle de réponse anticorps T dépendante. Ils sont produits à partir de 2 mois, d'où la très bonne réponse aux vaccins formulés à base d'antigènes protéiques comme le DTP (diphtérie, tétanos, poliomyélite). En revanche, la production d'anticorps T indépendants vis à vis des des antigènes polysaccharidiques intervient après l'âge de 2 ans. L'utilisation d'antigènes essentiellement polysaccharidiques dans les vaccins ne permet donc pas d'obtenir une réponse chez le nourrisson, incapable de fabriquer des anticorps contre ces polyosides. C'est le cas avec le pneumocoque ou le méningocoque. Cela explique la formulation des vaccins conjugués, comme le Prevenar, où l'antigène polysaccharidique est conjugué à une protéine porteuse afin de permettre une réponse immunitaire T dépendante plus efficace ».

David Paitraud

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3490