EN 1663, à Poitiers, un apothicaire s’installe dans un bâtiment au cœur de la ville, qui aura pour vocation au cours des siècles suivants de contribuer à la bonne santé des habitants. La pharmacie Notre-Dame est aujourd’hui sous la responsabilité de Jean-Paul Laplace-Claverie, qui a succédé à Jacques Nivet titulaire durant 41 ans. L’officine emploie cinq salariés, répondant aux besoins d’une clientèle citadine, sur la place Notre-Dame, site historique de la capitale du Poitou.
Son titulaire a souhaité, lors de sa reprise, en 2007, bouleverser quelque peu les habitudes. « Depuis un demi-siècle, rien n’avait été changé, se souvient-il. La disposition des lieux, l’aménagement des tiroirs et gondoles, n’étaient plus adaptés à une activité moderne. Nous avons donc transformé à la fois le décor, et l’outil, ce qui a déboussolé dans un premier temps de vieux clients qui ne s’y reconnaissaient plus. L’investissement était lourd, mais nécessaire, si nous voulions perdurer… »
Dans le même temps, soutenu par son épouse, Marie-Line, pharmacienne et esthéticienne, Jean-Paul Laplace-Claverie décide de poursuivre à sa façon la vocation d’apothicaire de son magasin. Intéressé par les produits dermatologiques et cosmétiques, à deux pas d’un grand fabricant régional (La Roche Posay), il développe la partie parapharmaceutique. Marque par marque, il impose crèmes anti-âge, revitalisants, et autres préparations, en ciblant ses fournisseurs, recherchant la qualité et l’efficacité des traitements. Au catalogue, Pierre Auger, Philorga, Avène… Et surtout, à disposition des patients, un mode d’emploi très précis, expliqué dans le détail.
Conseiller pour perdurer.
« J’ai toujours dit que la dermatologie n’avait rien à faire chez Leclerc, explique-t-il, et que la diffusion de ces produits, qui sont comme des médicaments, ne pouvait être que l’affaire de spécialistes. Idem pour la cosméto, ou la phyto, qui ne doivent pas être employées n’importe comment, qui nécessitent des conseils. Il faut donc, si on souhaite que ces secteurs restent pour les pharmaciens des vecteurs de développement, faire comprendre aux fabricants que nous sommes des partenaires privilégiés, qui peuvent leur permettre de tirer leurs productions vers le haut. Nous sommes dix mille officines environ en France à diffuser leurs spécialités, et si nous nous y prenons bien, nous devons conforter nos parts de marché. »
En 2013, celui-ci aura représenté pour la Pharmacie Notre Dame près de 25 % de son chiffre d’affaires. Une part en progression constante, qui semble se stabiliser. L’arrivée de nouvelles marques renforce cette position, tout en permettant au titulaire d’agrémenter des rayons qui occupent le tiers de la pharmacie. Sa réputation en la matière est bien connue de la faculté de Poitiers, qui lui envoie souvent des stagiaires en 6e année, intéressés par l’avenir de la para.
« Nous sommes les héritiers des fondateurs de cette officine, affirme-t-il, même si le terme apothicaire n’est évidemment plus d’actualité. Mais, au fond, dans leurs pots à onguents, nos prédécesseurs concevaient bien des pommades et autres crèmes, qui sont aujourd’hui vendues en tubes ou en boîtes. Bien sûr, nous ne les fabriquons plus, mais la recherche de l’efficacité, de la qualité, la rigueur des approvisionnements, et surtout l’explication, les conseils, sont toujours présents. »
Seul regret pour cette pharmacie dont la devanture est classée monument historique, la disparition des boiseries anciennes intérieures et d’une remarquable collection de 77 pots de faïence, dont une partie trônait en vitrine.
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