DIMANCHE 4 MARS 2012, le dépôt de munitions d’une caserne d’un régiment de blindés explose à Brazzaville. Dès les premières heures, on parle d’une centaine de morts, d’un millier de blessés et d’un quartier entier soufflé par l’explosion. Très rapidement, le gouvernement congolais appelle à l’aide ; il se tourne notamment vers l’État français qui lui répond favorablement. C’est typiquement le genre de situation qui demande l’intervention de l’EPRUS, l’Établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires. Il compte 3 250 réservistes mais vient justement de lancer une campagne de recrutement pour atteindre un effectif de 10 000 d’ici la fin de l’année. « Nous avons été saisis de la demande dimanche en fin d’après-midi, le lendemain matin nous avions constitué notre équipe de 19 professionnels de santé : 9 médecins (dont 3 chirurgiens), 7 infirmiers, 2 aides-soignants et 1 pharmacien », explique Thierry Coudert, directeur général de l’EPRUS.
Le pharmacien, c’est le Pr Michel Blanchot. « J’ai reçu mon ordre de départ à 11 h 25, chez moi à Cassis. Le soir même, je décollais de Paris. » Aucune obligation de dire oui, d’où la difficulté pour l’EPRUS de réunir rapidement une équipe de réservistes. « C’est justement notre vocation de réunir des savoir-faire très rapidement. Plus nous aurons de réservistes, plus nous aurons de spécialités différentes et meilleures seront nos chances de répondre à la demande sans déstabiliser l’offre de soins en France », remarque Thierry Coudert. En effet, l’EPRUS s’attache à ne pas faire appel systématiquement aux mêmes personnes, pour que ce ne soit pas toujours le même établissement de santé, le même cabinet médical, qui pâtisse de l’absence du réserviste. C’est aussi pour cela que les réservistes ne doivent pas être sollicités plus de 45 jours par an.
Terres étrangères.
L’équipe pour Brazzaville atterrit à 5 heures du matin le 6 mars, avec une vingtaine de caissons de secours contenant tout le matériel nécessaire pour perfuser, anesthésier et opérer, ainsi que 2,5 tonnes de médicaments. « Nous sommes arrivés le surlendemain de la catastrophe, les personnels sur place avaient donc déjà fait un travail considérable, mais ils étaient en fin de ressource et épuisés. Nous sommes intervenus en phase intermédiaire, juste après le pic aigu. En tant que pharmacien, mon rôle était d’installer un appui à la pharmacie centrale tout en restant autonome et en respectant les législations congolaises et françaises », décrit Michel Blanchot. Il doit gérer un afflux important de dons venant de différents pays. Le pharmacien découvre un hôpital avec quelques problèmes d’approvisionnement et de maintenance, mais tout à fait fonctionnel. Habitué des terres étrangères et connaissant les structures sanitaires d’autres pays, il ne peut s’empêcher de comparer. « C’est équivalent à ce que j’ai pu voir en Côte d’Ivoire. Je connaissais l’ancien hôpital car je suis déjà venu à Brazzaville en 1983. Les choses ont changé, mais je n’ai pas vu grand-chose d’autre pendant la mission, à part l’hôtel où nous étions hébergés et l’hôpital, à 200 mètres l’un de l’autre. »
Car l’homme n’en est pas à sa première mission. Jeune retraité, Michel Blanchot a un long passé de pharmacien général du service de santé des armées. On le qualifie de pastorien pour avoir travaillé aux Instituts Pasteur de Paris et du Sénégal. Il a également réorganisé et dirigé celui du Maroc, ainsi que reconstruit et structuré celui du Cambodge. Il a en outre partagé ses connaissances au sein de la fondation Mérieux. Professeur agrégé du Val-de-Grâce, conseiller pour les risques biologiques et chimiques pour la commission européenne, il a aussi enseigné à l’Institut de médecine tropicale de Pharo, à Marseille. L’homme ne tient pas en place et c’est tout naturellement que sa carrière a toujours alterné entre la France et de nombreux pays étrangers, notamment en Afrique et en Asie où il a passé 16 années.
Prêt pour une 3e mission.
« Mon premier poste en Afrique était celui de pharmacien chef de la région du fleuve, qui correspond au nord du Sénégal et au sud de la Mauritanie, de 1970 à 1974. Une période difficile car c’est aussi celle de la grande sécheresse et de la première pandémie de choléra. Mon activité au sein de l’EPRUS s’inscrit dans la continuité de ce que j’ai fait jusqu’alors mais on peut adhérer aux actions de l’EPRUS en ayant un passé totalement différent », sourit Michel Blanchot.
Brazzaville n’était pas la première mission du pharmacien pour l’EPRUS, puisqu’il est parti précédemment en Libye en novembre, pendant 12 jours, dans le but d’évaluer le Benghazi Medical Center et le système de santé afférent. « C’est la première fois que je me rendais en Libye, les structures de santé sont étonnantes de par la très grande qualité des infrastructures et de l’équipement. » Le système de santé libyen est totalement gratuit, tout le monde peut se présenter à l’hôpital et être soigné. « Les personnels sont très majoritairement des expatriés et ils ont été évacués au moment des événements. Les cadres libyens proches du régime se sont mis en sécurité, les autres ont rejoint le front. Les hôpitaux se sont donc retrouvés désorganisés, manquant d’encadrement. Les aménagements proposés par l’EPRUS ont été mis en place immédiatement. »
Michel Blanchot se dit prêt à partir pour une troisième mission pour l’EPRUS, « à condition d’être compétent », et espère que d’autres pharmaciens vont rejoindre les rangs des réservistes. « Les actions proposées peuvent avoir lieu sur le territoire métropolitain ou à l’étranger. Dans le second cas, l’EPRUS étant une structure gouvernementale, l’encadrement est total, la sécurité et l’hébergement sont assurés, la mission reçoit l’appui de l’ambassade, du gouvernement local, des véhicules sont mis à disposition… On ne part pas à l’aventure ! »
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