Les services du Premier ministre planchent sur des pistes d’économies

Un futur plan médicament à l’étude

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Publié le 10/03/2014
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À l’heure où les pouvoirs publics cherchent à faire des économies, le commissariat général à la stratégie et à la prospective a publié mercredi dernier une note d’analyse en deux volets sur le médicament. Dans une réflexion axée sur une amélioration de son usage et sur un système de fixation des prix moins complexe, ce service, qui dépend du Premier ministre, énonce un grand nombre de recommandations impliquant directement le pharmacien.

LE CONSTAT n’est pas nouveau : des dépenses de médicaments encore élevées en France et un gaspillage constant. Pour le commissariat général à la stratégie et à la prospective (le CGSP apporte son concours au gouvernement dans la détermination des grandes orientations de l’avenir de la nation), le problème vient en partie d’un usage peu pertinent du médicament par les médecins prescripteurs, les pharmaciens dispensateurs et les patients consommateurs. À ses yeux, l’offre particulièrement abondante de médicaments (2 800 substances actives sur le marché en 2012) est difficile à appréhender pour les prescripteurs qui sont mal informés sur les produits de santé. Le pharmacien a aussi un rôle important à jouer pour parvenir à un usage raisonné du médicament, en particulier dans le cadre d’une organisation interprofessionnelle des soignants. Voici les principales pistes proposées par le CGSP.

Faire évoluer les missions du pharmacien.

• Renforcer la mission de conseil à l’usager

Au moment de la dispensation, le pharmacien pourrait informer systématiquement l’usager de la posologie, des effets secondaires associés ou des possibles interactions avec d’autres médicaments, mais aussi proposer des conseils d’éducation à la santé (hygiène alimentaire, sportive, etc.) et informer des modalités de retour des restes de médicaments.

• Partager les informations entre professionnels de santé

Le pharmacien dispose actuellement d’informations parcellaires via le dossier pharmaceutique et la lecture de l’ordonnance. Le CGSP propose de mettre en place des « outils intégrant l’ensemble des informations pertinentes collectées par le médecin ou par d’autres professionnels ».

• Associer le pharmacien aux réflexions sur les pratiques des prescripteurs

Le CGSP prend exemple sur les groupes de réflexions instaurés aux Pays-Bas, réunissant médecins et pharmaciens. Ces derniers communiquent aux médecins des informations sur leurs pratiques de prescription et participent aux débats pour les modifier. À terme, ces évolutions mèneront à la constitution d’équipes de soins primaires pluridisciplinaires.

• Assurer la PDA

Certains pharmaciens sont impliqués dans la préparation des doses à administrer (PDA), mais de manière informelle, que ce soit pour leurs patients âgés à l’officine ou ceux en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). L’idée serait de formaliser cette mission en réorganisant le travail et l’espace au sein de l’officine pour garantir un haut niveau de sécurité sanitaire.

• Faire évoluer la rémunération

Le repositionnement du pharmacien avant tout comme professionnel de santé doit être accompagné par un nouveau mode de rémunération, et notamment « en prolongeant les projets actuels sur la mise en place d’une rémunération spécifique par forfait de l’éducation thérapeutique du patient (ETP) ».

Prescrire autrement.

• Équiper d’outils d’aide à la prescription

Le CGSP préconise le développement d’outils à destination des médecins, pour les aider à réduire les choix possibles parmi les médicaments à disposition. Il s’agirait par exemple de recommander une liste courte de médicaments les plus efficaces.

• Inciter les médecins à réfléchir sur leurs pratiques de prescription

Pour cela, le commissariat propose de créer des groupes de pairs, comme cela existe aux Pays-Bas, et de favoriser la participation des pharmaciens. « En France, ces échanges sont très peu fréquents et restent dépendants de l’action individuelle de quelques acteurs », regrette le CGSP.

• Prescrire des modes de prises en charge non médicamenteuses

Comme cela existe aux Pays-Bas, les médecins français pourraient prescrire d’autres thérapies ou des conseils en termes d’hygiène de vie. Une expérimentation est en cours à Strasbourg avec le remboursement de cours de sport prescrits.

• Accéder à une information indépendante sur les différentes prises en charge

Les prises en charge médicamenteuses ne font pas l’objet actuellement d’une information indépendante des prescripteurs, tandis que les prises en charge alternatives sont, elles, éparpillées et peu structurées. Le nouveau site d’information sur le médicament en place depuis l’an dernier devrait être complété d’un volet d’information sur les alternatives aux médicaments.

Mieux informer le patient.

• Informer dès l’emballage

Le CGSP estime qu’il faut améliorer l’information sur l’emballage, la présentation et la notice du médicament. Il préconise également d’apposer une mention explicite sur la boîte des médicaments accessibles sans ordonnance, « de façon à les distinguer des autres produits dans la pharmacie familiale ».

• Encourager la dispensation à l’unité

Face au gaspillage, le CGSP se pose la question du conditionnement adéquat et se montre favorable à la dispensation à l’unité, dont il attend l’expérimentation à venir.

• Accompagner les patients fragiles

Afin d’assurer une meilleure observance, les personnes âgées ayant des pertes d’autonomie pourraient être aidées par l’utilisation d’un pilulier électronique qui distribue les médicaments aux heures prévues, préparé par le pharmacien.

› MÉLANIE MAZIÈRE

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3075