Un décret qui ouvre le champ des possibles

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Publié le 11/10/2018
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Alain Delgutte, président du conseil central A (titulaires d’officine) de l’Ordre national des pharmaciens, explique la portée du décret publié.

Le Quotidien du pharmacien.- Très attendu par la profession, le décret services a été publié le 5 octobre. Est-ce une victoire pour l’Ordre qui s’était mobilisé pour sa publication ?

Alain Delgutte.- Je parlerais plutôt de satisfaction. L’Ordre est heureux de voir enfin finalisée sa requête, sachant qu’il s’agit d’une histoire de longue date. En effet, ce décret était prévu dans la loi « Hôpital, patients, santé et territoires », ou loi HPST, de 2009. Mais les années ont passé et aucun décret n’est sorti. Alors en 2016, sous la présidence d’Isabelle Adenot, l’Ordre a saisi le Conseil d’État afin d’enjoindre le gouvernement à édicter ce décret dans un délai raisonnable. La juridiction a donné raison à l’Ordre en janvier 2018, et le gouvernement s’est donc enfin exécuté.

Ce décret ne vous apparaît-il pas trop vague ?

Le texte n’est certes pas très précis, mais ceci a l’avantage de pouvoir mettre beaucoup de choses dedans : l’observance, la PDA, les dépistages… L’important est que ce décret rende possible et sécurise l’exercice du pharmacien dans le domaine des services.

Pourquoi ces services étaient-ils envisagés dans la loi HPST ?

L’objectif était de mieux orienter les patients dans le parcours de soins. En autorisant les pharmaciens à proposer des services destinés à améliorer ou maintenir l’état de santé des personnes, le gouvernement souhaitait que le réseau des pharmacies soit une porte d’entrée dans le parcours de soins pour les citoyens.

En pratique, qu’est-ce que ce décret va changer ?

Par exemple, le pharmacien peut désormais organiser un dépistage du diabète lorsqu’il le souhaite, et non pas seulement dans le cadre d’une campagne de santé publique. Il peut également proposer des dépistages de l'insuffisance rénale, de problèmes bronchiques, ou encore réaliser plus facilement des tests rapides d'orientation diagnostique (TROD) angine, grippe, etc. C’est tout un champ des possibles qui s’ouvre aux pharmaciens. Et les syndicats travaillent sur une éventuelle rémunération associée à ces nouveaux actes.

Propos recueillis par Charlotte Demarti

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3464