Malgré les freins, la substitution progresse

Un accouchement dans la douleur

Publié le 06/09/2012
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Après plusieurs mois d’inquiétude sur le respect de l’objectif de substitution fixé pour 2012, les pharmaciens semblent aujourd’hui être en mesure de l’atteindre. L’application plus stricte du principe « tiers payant contre générique » depuis le début de l’été a permis de gagner 7 points en quelques semaines. Malgré des difficultés au comptoir, le taux de 85 % à la fin de l’année paraît désormais être à portée de mains.
Le principe tiers payant contre génériques n’a pas toujours été bien compris par les clients

Le principe tiers payant contre génériques n’a pas toujours été bien compris par les clients
Crédit photo : S. toubon

LA PROFESSION semble être sur le bon chemin. En effet, à la fin du mois d’août, soit cinq semaines seulement après l’extension du principe « tiers-payant contre génériques » à l’ensemble des départements (« le Quotidien » du 9 juillet), le taux de substitution moyen dépasse les 78 %. Pourtant, tout n’est pas simple au comptoir. Les patients qui refusent les génériques ne comprennent pas toujours pourquoi ils n’ont plus le droit de bénéficier du tiers-payant. Et certains menacent carrément d’aller se faire délivrer leur ordonnance chez un confrère. Pour, le plus souvent, y revenir, la règle étant la même dans quasiment toutes les officines françaises.

Grâce à cet engagement des pharmaciens, le taux de pénétration des génériques a donc progressé de 7 points en quelques semaines, soit la moitié de l’objectif fixé à 85 % à la fin de l’année. Des chiffres qui rendent optimiste le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), Philippe Gaertner. « Compte tenu du fait que des départements ne rentrent que maintenant dans le dispositif, l’objectif final pourra vraisemblablement être atteint », augure-t-il. « En cinq semaines, nous avons réussi à inverser la tendance qui était à la baisse, se félicite également Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Tous les départements n’ont pas encore démarré, mais cela progresse. »

Les syndicats mettent aussi l’accent sur la nécessité pour les départements qui accusent encore un retard sur les objectifs de s’engager dès à présent pleinement dans la substitution, tels le Limousin, les Bouches-du-Rhône, la Haute-Garonne, ou encore la Corse du Sud. Quant à la région parisienne, souvent montrée du doigt, elle semble désormais partie sur de bons rails. Quoi qu’il en soit, gare à ceux qui traînent encore des pieds. Car l’assurance-maladie est bien décidée à faire appliquer l’accord conventionnel. Des confrères des Deux-Sèvres l’ont appris à leurs dépens (voir article ci-dessous).

Ne pas baisser les bras.

Malgré ses premiers résultats encourageants, « il ne faut pas baisser les bras car nous ne sommes qu’à la moitié de l’objectif et les points supplémentaires seront plus difficiles à obtenir », met en garde Gilles Bonnefond.

Pour les représentants syndicaux les enjeux sont multiples. L’atteinte du taux de 85 % pour 2012, « c’est d’abord montrer la solidité de la signature de la profession dans ses engagements », insiste Philippe Gaertner. C’est aussi prouver que la pharmacie d’officine participe, de façon forte, au respect des objectifs de dépenses de santé pour 2012. Il s’agit également d’un moyen de donner une nouvelle bouffée d’oxygène à l’économie de l’officine et d’éviter la mise en place de nouveaux tarifs forfaitaires de responsabilité (TFR) : une trentaine de groupes génériques sont aujourd’hui sur la sellette (« le Quotidien » du 30 août). « L’enjeu, c’est 400 millions d’euros d’économies supplémentaires, ce n’est pas rien à l’heure où l’on va demander un nouvel effort au poste médicament », souligne Gilles Bonnefond. Pour le président de l’USPO, il n’y a donc pas de temps à perdre, il faut renforcer le dispositif et signer, enfin, un accord tripartite avec les médecins. « Nous avons pris du retard sur ce dossier, il doit être comblé, ajoute Philippe Gaertner. Il est essentiel que l’ensemble des acteurs concernés puissent travailler dans une même logique, estime le président de la FSPF. C’est ce que nous attendons de cet accord. Il faut cesser de s’opposer les uns aux autres. »

CHRISTOPHE MICAS

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2941