Lance Armstrong n’est donc pas le champion de sept tours de France, mais il restera dans l’histoire comme celui des tours de force et même des tours de magie. EPO ou pas, il était aérien, intangible, léger comme une plume : il ne pesait plus que les 21 grammes de son âme sur les pentes cruelles des grands cols, pendant qu’ahanaient ses adversaires défigurés par l’effort, qu’ils expiraient leur gaz carbonique, qu’ils crachaient leurs poumons, qu’ils exhalaient trois onces d’air, résidu de leur souffle court. Oui, un tricheur, un menteur, c’est sûr. Mais comme tous les faiseurs de rêves, les poètes de l’espace et du temps, les arnaqueurs élégants. Escroc, brigand arrogant, athlète sûr de lui et de son érythropoiétine, parjure : nous brûlons aujourd’hui ce que nous adorions naguère. Plus jamais le Tour, mais le tour de vis. Et peut-être, pour la nostalgie, un dernier tour de piste ?
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