La substitution pose-t-elle problème ?
LE DIRECTEUR GÉNÉRAL de l’Institut de recherche en pharmacie industrielle du Canada, et ex-doyen de la faculté de pharmacie de Montréal, Jacques Gagné, vient de faire un long exposé concernant les génériques, lors du symposium francophone de médecine que rapporte « L’Actualité médicale ». À son avis, ces produits ont leur raison d’être, « mais ils peuvent aussi poser problème en cas de substitution ». Il met ainsi en cause la bioéquivalence, et « la formulation d’un produit qui peut évoluer dans le temps, ainsi que le mode de fabrication. Notamment les ingrédients non médicinaux, qui changent souvent d’un produit à un autre », la source de ce médicament n’étant plus forcément la même, « car il pourra contenir des impuretés ou un sel différent ». Il existe, poursuit-il, « des médicaments qu’on peut appeler à dose critique, pour lesquels des différences légères de dose ou de concentration suffisent à entraîner des échecs thérapeutiques ». Il regrette « qu’il n’existe que peu d’études cliniques disponibles et que, tant qu’il n’y aura pas de méta-analyses sur la substitution, on aura du mal à comprendre le phénomène et son étendue ». Ainsi, conclut le doyen Gagné, « il est difficile de considérer la substitution comme un problème important, puisque, malgré la centaine de millions d’ordonnances émises chaque année, le nombre d’incidents semble relativement faible ». Instaurer un traitement avec un générique ne pose aucun problème, « à partir du moment où le pharmacien stabilise le patient » ; mais, en cas de poursuite de ce traitement, c’est là qu’il peut y avoir problème.
BELGIQUE
La substitution pose problème
LA RÉPONSE à cette même question est aussi évidente pour les confrères belges. Par l’intermédiaire de leur syndicat, Absym, et soutenus par le corps médical, réagissant à la mesure qui vient d’être évoquée par le gouvernement d’une délivrance automatique de la DCI lorsqu’il s’agit d’un antibiotique ou d’un antimycosique, ils refusent d’être « les exécuteurs d’une action médicopharmaceutique irresponsable ». Leurs responsables, nos confrères Moens et Elsen, expliquent dans « Le journal du médecin », que cette mesure, « qui devrait rapporter 21,7 millions d’euros, est totalement irréaliste » : l’obligation de dispensation du médicament le moins cher « constituerait un risque majeur pour l’approvisionnement du marché et, de ce fait, l’accessibilité aux traitements médicamenteux ». « Quelle firme, concluent-ils, pourra prendre la responsabilité d’un approvisionnement sans faille des besoins des patients ? » La FeBelGen (Fédération belge des génériqueurs), elle-même, est inquiète : « La délivrance automatique en DCI, déclare son administrateur délégué, Joris Van Asche, est vraiment très complexe et, donc, peu efficiente, avec beaucoup d’incertitudes sur son effet d’économies… Car elle encouragera le marché à appliquer un système de ristournes qui seront ensuite récupérées via une rétribution aux pharmaciens. » Mieux vaut proposer aux fabricants de génériques de « contribuer directement et de manière transparente aux objectifs d’économies des autorités », concluent-ils.
QUÉBEC
Responsabilités des pharmaciens
SUR CE MÊME PROBLÈME de la substitution, l’Ordre des pharmaciens de la Belle Province rappelle quelques fondamentaux : « le pharmacien ne doit pas substituer un médicament si un prescripteur l’a interdit de sa main. Il doit aviser le patient de toute substitution par rapport au contenu de l’ordonnance. Et éviter toute substitution par un médicament fabriqué par une entreprise dans laquelle il aurait un lien direct ou indirect. En plus de ces obligations légales, il doit également tenir compte de l’état de santé du patient (en cas d’allergie, ou de pathologie, difficile à maîtriser) et de son âge. Il lui faut enfin savoir s’il s’agit de l’instauration ou de la poursuite d’un traitement, et ne pas substituer des princeps à marge thérapeutique étroite ou toxique. »
BELGIQUE
L’industrie en péril
« LE SECTEUR pharmaceutique a déjà mis un demi-milliard d’euros sur la table pour financer les soins de santé, avant même qu’il ne soit question d’économies », s’exclame le porte-parole de Pharma.be, le LEEM belge. Et d’en décliner les éléments : 250 millions de taxes sur le chiffre d’affaires, 100 millions, suite aux baisses de prix lorsque les brevets arrivent à échéance, en y ajoutant l’inflation dont on ne tient pas compte et l’indexation sur l’assurance-maladie calculée sur le budget des médicaments. Les industriels répondent ainsi aux décisions imposées par le gouvernement, qu’ils jugent « disproportionnées et systématique ».
Décisions « qui créent une situation intenable pour le secteur de la pharmacie, mais surtout entraînant des effets dangereux pour les patients » qui seront confrontés à « un accès réduit aux traitements innovants et seront contraints de contribuer financièrement davantage au traitement qui leur convient le mieux ». Quant aux officinaux regroupés dans l’Association pharmaceutique belge (APB), ils considèrent ces mesures d’austérité budgétaires « économiquement insupportables pour la pharmacie d’officine et discriminatoires », mesures qui sont « en contradiction avec la qualité des soins et le respect du choix des patients », car « elles sont inapplicables sur le terrain ». Et, s’interroge le syndicat : « quid de la garantie de l’approvisionnement par le producteur et de la disponibilité chez le grossiste ? »
SUISSE
Révolution a l’hôpital
LE COMPTE à rebours s’accélère avant l’introduction d’une véritable révolution dans le monde hospitalier. Le 1er janvier prochain, en effet, commente « Tribune médicale », vont être instaurés les « forfaits par cas » qui vont bouleverser le financement de la santé publique. À cet effet, sont instaurées quelque 110 codifications pour définir toutes les pathologies imaginables, avec un manuel de définitions remplissant 3 700 pages internet. Ainsi, le monde de la santé va être bientôt mis en codes avec une lettre suivie d’un chiffre. À l’exemple des États-Unis, où ont été testés les Diagnosis Related Groups (DRG). En fait, le dossier médical enregistrera des données telles que l’âge, le sexe, le type d’admission. Qu’ils soient réticents, sceptiques ou enthousiastes, les médecins devront s’y faire. « Notre mode de fonctionnement date de la fin du XIXe siècle, précise Martin Denz, président de l’Association suisse de télémédecine : même si l’informatique y a été introduite pour permettre d’améliorer nos activités, ce sont quand même toujours les anciens processus qui ne sont pas accélérés. » Ce à quoi répond Paul Garassus, un responsable syndical lors du Forum médical de Romandie : « Ce nouvel ordre sanitaire est-il un pont du diable ou une formidable machine à gaz ! »
Une autre livraison de ce même hebdomadaire présente une étude sur l’évolution de la pharmacie en Europe : « Face à la crise, comment Olivier Grivat, la plus sérieuse depuis la dernière guerre, les groupes pharmaceutiques sont touchés par les difficultés de paiement des gouvernements. » Un défi majeur pour le marché des médicaments « confronté aux difficultés ».
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