DÉJÀ EN 2008, une étude demandée par la Société française de médecine générale s’était penchée sur la « qualité de la prescription médicamenteuse ». Parmi les résultats, il était mis en évidence une proportion élevée de prescriptions hors AMM. En effet, sur 8 733 ordonnances et 35 296 lignes de prescriptions, 40,8 % des ordonnances contenaient au moins une ligne hors AMM et 19,3 % des lignes de prescriptions étaient hors AMM (précisons que ces prescriptions étaient jugées hors AMM en raison de la posologie, du schéma thérapeutique, de la durée de traitement ou de l’indication.)
Un sondage tout récent révèle que 78 % des généralistes prescrivent hors AMM. Les chiffres sont donc tout aussi impressionnants. Le respect de la sacro-sainte liberté du prescripteur nous dispense-t-elle de nous interroger sur ce type de prescriptions ? Car il nous semble que celles-ci sont à rapprocher des deux crises sanitaires que nous venons de traverser. Même s’il n’est pas toujours facile de les repérer et d’en cerner les raisons, pour éviter que de telles situations ne se reproduisent, devons-nous continuer à accepter un certain mésusage des médicaments prescrits ? Certes il ne s’agit pas de trahir le secret médical, mais ne faudrait-il pas obliger les prescripteurs à justifier de telles prescriptions ? N’oublions pas non plus que, d’une part, elles génèrent un coût financier, et que, d’autre part, depuis la loi de mars 2002, tout professionnel de santé a l’obligation d’informer le patient sur l’emploi non validé du médicament et des risques encourus.
Si nous voulons vraiment être garants de la qualité, de la sécurité et de l’efficacité des soins grâce au traitement médicamenteux, trois questions sont à mettre à l’ordre du jour pour notre profession :
1. Est-elle prête à investir pour acquérir un niveau de formation suffisant, et ainsi assurer qualité et sécurité tout en générant des économies s’inspirant notamment de ce qui se fait au Canada, en Suisse ou aux Pays-Bas ? À noter que le refus de délivrance y est reconnu comme véritable acte pharmaceutique et qu’il est, à ce titre, rémunéré.
2. Notre profession n’aurait-elle pas intérêt à recadrer davantage les pratiques professionnelles. Alors qu’une partie de nos confrères désire aller de l’avant pour proposer des services de qualité, d’autres se comportent en véritables affairistes ! Ne pourrait-on pas envisager qu’une étude puisse évaluer la qualité de nos délivrances ?
3. Enfin, n’avons-nous pas à prendre de la distance par rapport à l’industrie, que ce soit en ne laissant plus les laboratoires envahir nos officines pour étaler leurs produits pré vendus par les médias, ou en veillant à ce que nos sources de formation soient totalement indépendantes ? C’est aussi en développant un esprit critique vis-à-vis du médicament que nous pourrons parfois nous rendre compte que le bénéfice/risques du traitement n’est pas toujours favorable pour le patient.
De multiples forces dévalorisant le médicament tendent à s’imposer aujourd’hui. Résistance et initiatives doivent être plus que jamais à l’ordre du jour pour revaloriser le travail de ceux qui le délivrent.
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