LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Dans votre dernière étude statistique sur l’économie des officines clientes de votre société, vous avez étudié le poids des ventes par rétrocession en 2011. Est-ce une pratique habituelle ?
PHILIPPE BECKER.- C’est en tout cas une réalité. Selon notre étude, un tiers des pharmacies de notre panel - soit 532 officines sélectionnées sur 1 600 officines clientes - pratiquaient en 2011, et à des échelles diverses, des ventes par rétrocession avec leurs confrères. Nous avons noté que le taux moyen de rétrocession ramené au chiffre d’affaires global s’élève à 1,5 %.
Mais en valeur absolue, ce montant semble assez faible. Qu’en pensez-vous ?
CHRISTIAN NOUVEL.- C’est effectivement un montant relativement faible au regard de l’activité globale de l’officine. Mais, à notre avis, il faut comparer ce pourcentage avec la valeur moyenne du médicament non remboursable et de la parapharmacie, qui représente, pour une pharmacie standard, 21 % du chiffre d’affaires total.
On note que les pharmacies de centre commercial recourent moins à la rétrocession que les officines situées en centre ville. Quelles sont vos explications ?
PHILIPPE BECKER.- Les pharmacies de centre commercial génèrent des ventes supérieures de 45 % à la moyenne des autres officines. Pour la plupart, elles ont un niveau de remise qui ne justifie pas de regrouper les achats avec des confrères. La rétrocession, en toute logique, est un phénomène qui concerne les petites officines et celles qui sont surexposées à la concurrence. Notre étude confirme cette impression.
Le sujet de la vente-rétrocession été débattu il y a quelques mois seulement, suite aux rappels à l’ordre du ministère de la Santé. Ce dernier laissait augurer soit une interdiction totale, soit une autorisation limitée aux médicaments non remboursables. Quel est votre avis sur cette question ?
CHRISTIAN NOUVEL.- Il ne nous appartient pas d’avoir une opinion sur l’autorisation ou non de la rétrocession entre confrères. C’est un sujet qui concerne les professionnels de santé. En tant qu’experts-comptables, nous nous bornons à faire des constats. Mais nous relevons que, contrairement à ce qu’il est parfois dit, la majorité des pharmaciens rétrocède pas ou peu. Dans notre panel, par exemple, les officines qui dépassent 5% de ventes par rétrocession ne sont que 5 !
La rétrocession est-elle nécessaire pour l’économie des officines et en particulier des petites officines ?
PHILIPPE BECKER.- De façon générale, la politique d’achat est devenue, depuis quelques années, la clé de voûte de l’économie officinale. Résumons-nous : la pharmacie est une entreprise où 80% du chiffre d’affaires est administré et 20% sévèrement concurrencé. Il est évident que la manière de s’approvisionner à un impact fort sur la rentabilité, surtout à un moment où l’activité stagne. Pour le médicament remboursable, les avantages liés à la substitution sont un ballon d’oxygène. Il en est de même pour la rétrocession, en ce qui concerne les médicaments à prix libres. Ce sont quelques espaces de liberté encore offerts aux pharmaciens, après il n’y en aura plus !
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