Le Quotidien du Pharmacien.- Dans quelle mesure le froid favorise-t-il les infections ORL et bronchopulmonaires ?
Pr Bruno Lina.- Il est bien établi qu’il existe dans les pays tempérés une dynamique épidémique liée au climat, avec une circulation plus intense l’hiver que l’été des viroses respiratoires.
On sait aussi que ces dernières font le lit de surinfections bactériennes, en particulier au niveau des voies aériennes supérieures. C’est ainsi que près de 40 % des enfants grippés font une otite, une sinusite étant plus souvent observée chez les patients plus âgés.
Clairement, plusieurs facteurs sont impliqués dans ce rôle favorisant du froid, certains étant de nature comportementale – quand il fait froid on a tendance à se rassembler dans des espaces confinés ce qui favorise la transmission virale – et d’autres, virologiques, comme une transmission augmentée par un froid sec des virus respiratoires ; sous ce dernier rapport, on peut dire que ces virus apprécient tout particulièrement le froid, et beaucoup moins le froid humide car la congélation des molécules d’eau peut poser un problème aux virus en fragilisant leur enveloppe. Pour autant, un air très sec peut aussi leur être fatal, notamment en ce qui concerne les virus enveloppés, qui sont très sensibles à la dessiccation.
Le froid ne modifie-t-il pas la physiologie de l’organisme pouvant expliquer une plus grande susceptibilité aux infections ?
Cela peut, en effet, jouer un rôle non négligeable.
En effet, le froid peut entraîner une fragilisation de la muqueuse nasale et une baisse de ses capacités immunitaires à lutter contre les infections virales via un processus d’échange de molécules d’eau permettant un réchauffement de l’air inspiré. L’inertie de ce système de réchauffement est d’ailleurs bien mise en évidence par un nez qui coule un peu lorsque l’on passe d’un milieu extérieur froid à une pièce surchauffée.
Enfin, il convient aussi de citer l’existence dans une atmosphère froide d’une redistribution de la vascularisation au détriment des tissus périphériques, comme le nez, au sein desquels les cellules immunitaires arrivent en moins grand nombre, ce qui peut créer de meilleures conditions au bénéfice des agents pathogènes pour induire une infection.
Quelles mesures de prévention conseillez-vous ?
On peut conseiller, très classiquement, une combinaison de moyens. Autrement dit d’immuniser par la vaccination afin de réduire considérablement l’efficacité de la chaîne de transmission, d’observer une rigoureuse hygiène des mains, d’utiliser des mouchoirs en papier jetés ensuite dans une poubelle fermée et de porter un masque lorsqu’on est infecté.
Propos recueillis par D. R.
* Directeur du Centre de Référence de la Grippe France Sud et président du Conseil scientifique du GEIG (Groupe d’Expertise et d’Information sur la Grippe).
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