J’AIME BEAUCOUP écouter de la musique. Tiens, là, par exemple, pendant que j’écris ces lignes, j’écoute la bande originale de Peau d’Âne. J’aime les musiques de Michel Legrand, l’univers ultra-coloré de Jacques Demy, les comédies musicales hollywoodiennes. Préparez votre, préparez votre pâte, dans une jatte, dans une jatte plate, et sans plus de discours, allumez votre, allumez votre four… On dirait le mode opératoire d’une préparation magistrale. Préparez votre, préparez votre acide salicylique, dans un petit, dans un petit mortier, et petit à petit, incorporez-la, incorporez la vaseline.
Quand je vais travailler, le matin, j’écoute la matinale sur France Musique, avec un présentateur cultivé, curieux, ouvert à tout, intelligent et amusant. Si je travaille seule, et que c’est beaucoup trop calme (mais ça arrive rarement), j’écoute FIP en ligne. Dans le passé, il ne m’est arrivé qu’une seule fois de travailler dans une pharmacie où l’on pouvait profiter de musiques pendant que l’on conseillait une crème anticallosité pour les pieds ou que l’on délivrait un traitement mensuel contre l’hypertension artérielle.
Et personne n’était satisfait, finalement. Le programme salsa devenait rengaine, le programme classique ne plaisait à personne, sauf à moi… on finissait souvent par éteindre l’appareil et on se contentait du bruit des voitures et des bus qui passaient sur le boulevard. Dans le passé, il ne m’est arrivé qu’une seule fois également de travailler dans une officine avec des fanas d’huiles essentielles. On avait installé un diffuseur électrique, et c’était à qui choisirait la senteur du moment. Il y avait celle qui aimait mélanger l’orange et la lavande, pour leur effet relaxant, et celle qui ne jurait que par la verveine litsée citronnée, la fameuse huile essentielle du bonheur, qui allait rassurer nos clients et développer notre créativité.
Tout le monde était mis d’accord automatiquement quand un des deux titulaires arrivait, celui qui ne supportait pas ces odeurs, ça lui donnait mal à la tête. On débranchait alors le diffuseur et on se contentait des parfums plus ou moins agréables de chacun, et des arômes des cafés que certains se préparaient presqu’à longueur de journée dans le coin cuisine. On était dans l’amateurisme, pas comme dans ces pharmacies qui font appel à la communication polysensorielle pour que les clients et les employés se sentent bien, grâce à des chants d’oiseaux, de la musique zen, et des senteurs exotiques. Odeurs de fougère et de citron pour le printemps, d’eucalyptus en hiver, ou de monoï en période estivale, fond sonore actualisé toutes les heures, c’est un sacré univers dépaysant qui attend le patient entré pour renouveler sa prescription d’insuline ! Ajoutez-y un mur végétal, pour la sérénité et la purification de l’air ambiant, et l’expérience émotionnelle devient inoubliable… Mais alors, pourquoi ?
Oui, pourquoi, moi, quand j’entre dans une pharmacie pour acheter de l’ibuprofène ou des capsules d’huile d’onagre, je ne suis jamais, mais alors jamais, tombée dans ce genre d’ambiance, musicale, parfumée et végétale ?
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